sculpteur E m il V ik s t r ô m (né en- 1864), dont le «Flotteur de bois» (1891), représenté au moment où, en
équilibre sur un tronc d’arbre, il descend le courant tumultueux d’un rapide, atteste un tempérament hardi,
une étude consciencieuse de la nature et de la vigueur dans le style. Mais dans son projet de groupe
pour le fronton du Palais de la Diète à Helsingfors (1893), Vikstrôm joint à la vivacité et à la sûreté de
l’exécution une étonnante richesse d’idées ; il réussit à créer un tout complet, en menant à bien la tâche difficile,
non seulement de remplir d’une façon naturelle le triangle du fronton, mais dè réunir à la scène historique
d’Alexandre 1er à la Diète de Borgâ assurant l’avenir dü peuple finlandais, la représentation des
suites de cet acte — la Finlande progressant
sous l’égide de la religion et de la loi,
les seules figures allégoriques de cette
grande composition (v. la vignette p. 84).
Enfant tardif de l’art européen, l’art
finlandais a donc, jusqu’ici été docilement
à l’école des autres. Mais s’il ne s’est pas
montré original par les qualités spécialement
artistiques, il est tout à fait national
par les sujets traités et squvent encore
davantage par la chaleur et la profondeur
de la conception. Aussi est-il d’autant plus
frappant que les nouvelles générations
d’artistes n’aient pas renouvelé la tentative
de leurs aînés de revêtir de formés plastiques
les figures des antiques mythes
finnois. On trouvait que le fantastique
souvent démesuré des-chants nationaux les
rendait impossibles à interpréter par les
arts du dessin. Mais dans ces derniers
temps, plusieurs de nos jeunes artistes
ont commencé à reprendre ces motifs.
Ainsi la «Madeleine» d’Edelfelt, l’«Aino»
et la «Mariatta» de Vallgren, le «Vâinâ-
môinen» et l’«Ilmarinen» de Stigell, sur la
façade de la Maison des étudiants, le «Kul-
lervo» de Vikstrôm, représenté comme
jeune berger, un grand triptyque de Gal-
lén, représentant la légende d’Aino (1891,
Commandé par le gouvernement finlandais,
voir la gravure hors texte, p. 302), et ses
- U n ouvrier, buste par R. S t i g e l l . illustrations du Kalevala. Mais si l’art
finlandais revient à cette première source
d’où il est sorti, c’est avec de tout autres ressources et dans la pleine conscience que le caractère
patriotique du sujet ne peut en aucune façon voiler la faiblesse de l’exécution.
Nous ne pouvons guère juger impartialement la valeur de ce que l’art finlandais a produit jusqu’ici.
La fierté patriotique d’avoir quelque chose qui est bien à nous, porterait facilement à en exagérer le
prix. Mais quellè que soit la sentence que des juges impartiaux puissent prononcer, on ne saurait guère
refuser deux qualités à notre art encore si jeune. La langue qu’il parle est la langue universelle, mais
l’esprit qui l’anime est bien finlandais. Et commé, chez nous plus qu’ailleurs, l’art a pu déterminer les
exigences du public, il a pu suivre ses propres convictions avec une liberté relativement grande. Son
P a y s a g e d ’ a u t o m n e
d ’a p r è s u n ta b le a u d e V . W e s t e r h o lm .