comportait si peu une tendance séparatiste — que du reste toute son histoire dément—- que le peuple,
au contraire, aussi bien que son gouvernement local, n’a jamais cessé de voir dans l'accomplissement de
ses devoirs envers le Monarque, à qui aussi les intérêts de la Finlande tiennent à coeur, et envers lé puissant
empire dont il fait partie, les garanties les plus sûres de son avenir. La crise d’opinion qui accompagne
toujours un changement de tradition, a eu en Finlande un caractère exclusivement social et aucunement
politique. Il n’y a eu ni complot, ni révolte, ni même aucune tendance de partis, par laquelle la Finlande
eût pu cesser de mériter la situation politique établie en 1809. Aussi le peuple de Finlande";, pénétré
d’une confiance inébranlable en son Souverain, se tient assuré de l’inviolabilité. des lois qui, sous la
protection du Monarque, assurent la marche progressive et ininterrompue de son développement.
Les Finnois de Finlande doivent à leur milieu et aux circonstances de leur histoire une communauté
de type, qui, bien qu’offrant
des différences d’une contrée
à l’autre, est facilement
reconnaissable pour
l’étranger. Les traits généraux
du caractère finnois
sont: quelque chose de
fort et de dur, mais d’une
force patiente, passive; la
résignation ; la persévérance
et son revers^ l’obstination;
l’esprit lent, méditatif,
peu expansif; aussi
le Finnois est-il lent à la
colère, mais une fois irrité,
il ne connaît plus de frein;
calmer: dans lés périls,
l’expérience du danger le
rend prudent; généralement
taciturne et laconique,
il a des accès de loquacité;
il est porté à attendre, à
différer, à vivre au jour
le jour, avec des alternatives,
parfois, de hâte intempestive;
attaché aux
choses qu’il connaît dès
longtemps, il est ennemi
I n t é r i e u r d’u n e c a b a n e d u T a v a s t l a n d , d’après un tableau de A . G à llé n . des nouveautés, il a à un
haut. degré le sentiment
du devoir, de l’obéissance à la loi; il aime la liberté, est hospitalier et probe; très porté à la méditation
religieuse, sa piété est sincère, mais attachée à là lettre. On reconnaît le Finnois à son attitude réservée,
renfermée, peu facile d’accès. Il met du temps à dégeler, à se familiariser, mais il devient alors un ami
fidèle; il manque d’à-propos, arrive souvent trop tard, est souvent importun sans s’en apercevoir, salue
un ami qu’il rencontre quand celui-ci est déjà passé, se tait souvent quand il faudrait parler, mais parle
quelquefois quand il vaudrait mieux se taire. Il est un des premiers soldats du monde, mais un des plus
mauvais calculateurs; voyant de l’or à ses pieds, faute de s’y prendre à temps, il se le laisse enlever
sous le nez; aussk.reste-t-il pauvre où d’autres s’enrichissent. L ’amiral de Stedingk disait: «il faut qu’un
pétard lui parte dans le'.dos-pour que le Finnois songe à bouger». Quant aux traits extérieurs, il n’y a
de commun à tous qu’une taille moyenne
et une forte charpente. Son intelligence
est très réelle, mais a besoin d’être
évéillée. On ne reconnaît plus le petit
paysan lourd et gauche, après un an
d!école; et le pâtre qui savait à peine
tirer deux ou trois notes de son cor en
écorce de -bouleau, est aujourd’hui premiercornet
à piston dans la musique
du régiment. De même aussi son assiduité"
au travail dépend des impulsions
extérieures. Per Brahe disait des Fin-
. . . . nois : «Il est à remarquer que ces gens,
T y p e s , c a r é li e n s ^ . •
qui, chez .eux, passènt leur temps à
dormir sur le poêle, quand ils sont à T étranger, abattent chacun plus d’ouvrage que trois ouvriers ordinaires
». Il faut enfin citer comme un caractère commun à tous les Finnois la passion des contes, des
chansons, des proverbes, des énigmes, et un penchant à la satire qui les rend ingénieux à découvrir les
faiblesses et.fes ridicules.
Le Tavastien (Hâmâlâinen) est le meilleur représentant de ce type, dont il offre tous les traits les plus
caractéristiques. Il habite les provinces du Tavastland, dû Satakunta, le nord du Nyland et le sud de l’Ostro-
bothnie, sauf les côtes, et la Finlande propre, où des colonies de ses proches parents, les Estes, ont mêlé leur
sang au sien et laissé dans sa langue des traces de leur dialecte tronqué. Le Tavastien est grossièrement
charpenté, quelquefois de grande taille, musculeux, large d’épaules; il a la face large, le nez retroussé, les yeux
gris, les cheveux bruns, ou blond de lin. Souvent le travail et les privations le vieillissent de bonne heure. Il
est de tousses congénères le plus endurant, le plus laborieux, le plus humble d’aspect et le plus facilement
satisfait, mais aussi lçf
plus conservateur, le
plus lent d’esprit et le
plus opiniâtre. L’été,
vêtu de son mekko,
Sorte de blouse de
toile grossière, il tra- ;
vaille aux champs de
l’aube au couchant,
sans autre nourriture
que le talkkuna, farine
d’orge, d’avoine et de
pois mêlés, qui se-
mange avec du lait
caillé et qu’il porte
sur son dos dans un
havre-sac de lanières
d’écorce de bouleau
tressées. Tel il
est r e s t é d e p u is d e s L e d în e r d a n s la c a b a n e ( S a v o la k s ) , d’après un tableau de V enny S o ld a k -B r o f e ld t .