pour ce qui concerne l’ordre des hémiptères. A. J. Malmgren (né en 1834), ayant pris part à l’expédition
suédoise au Spitzberg en 1864, étudia la faune et la flore arctiques et classa avec habileté les collections
rapportées par cette expédition, en particulier les annélides et les animaux vertébrés. Nous avons déjà
cité Sahlberg comme un connaisseur distingué des insectes du Nord; la région dont il a étudié la faune,
s’étend jusqu’au détroit de Behring.
L ’étude de l’anatomie comparée fut introduite en Finlande entre 1840 et 1850 ; c’est alors, en effet, que
E. J. B o nsdorff (né en 1810) commença à publier ses recherches soigneuses sur la structure anatomique
de divers animaux vertébrés et particulièrement sur leur système nerveux. Il a travaillé avec un zèle
infatigable à l’avancement de cette branche d’études à l’Université; il en a laissé un beau témoignage
dans le musée anatomique qu’il a créé et qui porte son nom. Le b a ron J. A. P almên (né en 1845),
actuellement professeur de zoologie, s’est distingué dans le même domaine; il a étudié minutieusement
et discuté avec sagacité plusieurs questions concernant la structure anatomique des insectes. Mais il a
aussi fourni des contributions importantes à d’autres branches de la science. Par ses observations sur
certains oiseaux arctiques, il a démontré qu’ils suivent dans leurs migrations des voies déterminées, et il
a fourni par là l’initiative des observations internationales qui se font actuellement en Europe et dans
l’Amérique du Nordr
Les naturalistes finlandais de notre époque travaillent dans de bien meilleures conditions que leurs
prédécesseurs. Les ressources scientifiques du pays se sont accrues. Des musées, des bibliothèques, des
laboratoires bien outillés, un jardin botanique, sont mis au service de l’enseignement et du travail scientifique,
et de jeunes 'Savants marchent sur les traces de leurs aînés.
E. W ainio (né en 1853) s’est fait connaître par ses travaux sur les lichens. A. Osv. K ihlman (né
en 1858) a poursuivi l’étude de la flore indigène; dans de longs voyages vers les .hautes régions du
Nord, il a étudié la lutte de la végétation, /contre le climat arctique. F r ed r . E l fving (né en 1854),
actuellement professeur de botanique, a contribué par ses travaux à l’étude de la physiologie végétale.
F r e d r . E l f v in g .
G. LES SCIENCES MÉDICALES.
Dans la première ^partie de ce siècle, l ’Université était l’unique foyer de l’activité médicale scientifique.
Les médecins praticiens étaient rares et on ne pouvait guère attendre d’eux de travaux scientifiques.
Mais même à l’Université, le personnel enseignant de la facilité de médecine était peu nombreux:
deux professeurs titulaires, un professeur chargé de cours et deux adjoints, dont l’un était botaniste. En
1811, le nombre des professeurs titulaires fut porté à trois, celui des adjoints à quatre. De plus, les
institutions et l’outillage nécessaires aux études scientifiques faisaient presque entièrement défaut. Il y
avait bien une salle d’anatomie, mais la première clinique destinée à l’enseignement ne fut ouverte qu’en
1832, après le transfert de l’Université à Helsingfors.
Néanmoins, le zèle et l’intérêt scientifiques ne manquaient certes point chez les hommes de cette
période de transition d’un siècle à l’autre. Le plus éminent d’entre eux fut G a br ie l E r ik H aartman
(1757—-1815, professeur de médecine depuis 1789, anobli sous le nom de von Haartman), esprit clairvoyant,
libre de préjugés, ennemi des spéculations théoriques et de tous ces systèmes factices qui ont entravé les
progrès de la médecine. Préparé par de fortes études, même en chirurgie, cet art alors encore dédaigné,
il voulait qu’on se fondât sur l’expérience, sur l’observation des malades. Toutefois il était encore à
quelque degré imbu de l’esprit de son temps, si bien que dans un de ses écrits les plus remarquables,
un travail sur «l’inflammation conglutinante», qui comprend aussi la guérison des plaies, il ne peut
s’empêcher d’échafauder lui-même une série d’hypothèses. Un autre travail, «Sur les plaies», est basé
sur ses propres observations; il y décrit ses tentatives de traiter les plaies par le borax, dont l’action
favorable, .surtout sur les plaies impures, n’avait pas échappé à son regard pénétrant. Quand Haartman
attribue l’action du borax sur les plaies justement à sa propriété d’empêcher la décomposition putride,
propriété qu’il prouve en faisant, agir cette matière sur du sang et de la chair, on peut voir dans son
travail comme un précurseur du système antiseptique qui, de nos jours, a révolutionné la chirurgie. 'L a
plupart de ses;-autres travaux traitent aussi d’expériences et d’observations personnelles.
Les collègues de Haartman, l’anatomiste G a br ie l B o n sd orf f et le chirurgien Jo se f P ipping (anobli
sous le nom de P ipp ingskôld), furent des professeurs distingués, mais n’ont pas beaucoup écrit. Pipping,
qui le premier occupa, en 1811, la chaire nouvellement créée de chirurgie et d’obstétrique, fut un praticien
habile, mais n’a publié, querquelques artic le s d’un intérêt pratique, entre autres sur les «sétons»
qu’on appliquait alors dans toutes sortes d’affections. — ■
Au commencement de' ce siècle, l’opinion dont Haartman avait été le digne interprète et qui veut
que la médecine,'Comme toute autre branche des sciences naturelles, soit basée sur l’observation, n’était
point du tout universellement admise. Au contraire, la prétention d’arriver par la spéculation à la conn
a is s a n t de la nature de la maladie et de- construire ainsi le système de la médecine, était soutenue
plus fortement que jamais. Le Suédois Is r a ë l H v a s s e r (1790— 1860), qui occupa la chaire de médecine
en 1817, peu après la retraite de Haartman, représenta avec autorité cette opinion
à l’Université. Ses doctrines obscures, mais exposées avec beaucoup de chaleür,
partent du principe que «la maladie est la destruction de soi-même» ; elles n’éveillèrent
pas beaucoup d’écho dans la jeunesse studieuse, et les thèses qu’il publia
sur des sujets de médecine pratique, trahissent le théoricien; mais il sut inspirer
à ses élèves le respect et l’amour de la haute vocation du médecin, et c’est par
là qu’il exerça une influence profonde. Hvasser témoigna de l’intérêt qu’il portait
au progrès de l’art médical dans notre pays, en fondant, en 1820, une Société de
médecine, qui précéda la Société des médecins finlandais, fondée en 1835.
En 1829, Hvasser quitta sa chaire pour aller en occuper une semblable à
l'Université.- d’Upsal. Il eut pour successeur, en 1834, Immanuel Ilmoni (1797—
1856), celui de ses disciples qui l’avait le mieux compris et dont l’oeuvre scientifique est comme un écho
de celle du maître.
Cependant l’Université avait été transférée à Helsingfors en 1828. Le personnel enseignant et le
mode d’action de la faculté de médecine ne subirent guère d’abord de changement. Pourtant une innovation
importante fut l’institution d’une clinique, qui devait enfin fournir les matériaux dont l’enseignement
de la médecine pratique ne peut se passer.
Bien que l’esprit idéaliste d ’Ilmoni ne fût guère propre aux recherches scientifiques dans le sens
moderne du mot, c’est à lui pourtant que revient le mérite d’avoir commencé la publication d’observations
cliniques, dont plusieurs séries ont paru successivement dans les Actes de la Société des médecins
finlandais. Dans un grand ouvrage intitulé Contribution à l’histoire des maladies dans le Nord, Ilmoni a
aussi eu le mérite de rassembler des matériaux précieux, alors même que l’exposition est riche en points
de vue purement hypothétiques.
Les hommes qui représentèrent à cette épopue la chirurgie et l’obstétrique, Johan A g a pe tu s T ôrn-
gren (17 72— 1859), C a r l D aniel vo n Ha artm an et L a r s H enrik T ô rnroth (1796— 1864), donnèrent à
leur enseignement et à leur activité une direction surtout pratique. Haartman, en particulier, était un
esprit plein de vie et d’ardeur; des études longtemps poursuivies à l’étranger, particulièrement en Angleterre,
avaient étendu son horizon; il a publié plusieurs travaux, soit d’obstétrique, soit de chirurgie. ¡11
a déjà été question plus haut (p. 2 1 1 ) de l’initiative qu’il prit dans la fondation de la Société des médecins
finlandais. Tôrnroth, qui occupa la chaire de chirurgie et d’obstétrique de 1838 à 1857, a publié
ses observations cliniques et expose entre autres un traitement opératoire des hernies libres où il suit la
méthode d’invagination de Gerdy.