Johan Ja ko b T engstrôm, déjà nommé, s’adonna avec zèle aux études classiques. Ses -travaux de philologie,
qui se rapportent à l’histoire de la littérature grecque ou à la critique des textes, témoignent qu’il
était tout à fait au courant des questions et des travaux philologiques de son temps. Il est le premier
en Finlande qui ait étudié des manuscrits d’auteurs antiques.
La philologie orientale resta limitée à l’hébreu pendant la première partie de ce siècle. Peu à peu
cependant on se mit à étudier d’autres langues orientales. I. U. W a llenius (1793— 1874) connaissait à
fond l’arabe et fit des cours de sanscrit et d’arménien. Son nom reste attaché à une bourse considérable
qu’il fonda pour favoriser les études dé langues orientales à l'Université. — L ’égal de Wallenius en
érudition. K. G. S jô sted t (1799— 1834), agrégé de langues orientales, inaugura à l’Université l’étude du
persan. Il écrivit trois dissertations se rapportant à trois branches de la littérature orientale — le persan,
l’arabe et l’hébreu. — G a brie l G eitlin, nommé professeur de langues orientales en 1835, se fit Un nom
au delà des limites de sa patrie par sa profonde connaissance du persan. Sa grammaire néo-persane, en
latin, a été très employée jusqu’à ces derniers temps, même à l’étranger. Geitlin était un connaisseur
expert des monnaies orientales; il a classé l’importante collection qu’en_ possède l’Université. Il a été
parlé de lui (p. 226) comme professeur d’exégèse biblique.
Revenons aux langues classiques. A x e l G a br ie l S jôstrôm (1794— 1846) traduisit en suédois des
poètes grecs; il jugeait que c’était là un de ses devoirs comme titulaire d’une chaire qui devait servir la
culture littéraire. Ses traductions d’Anacréon, des épigrammes grecques et de ThéoCritè se distinguent
par la fidélité et une forme en général heureuse; ce sont des oeuvres littéraires de mérite.
Johan G a br ie l L insén (1785— 1848), professeur d’éloquence et de poésie de 1828 à . 1848, se place
au même point de vue humaniste et esthétique. Ses traductions de l’anthologie latine et des poètes
élégiaques de Rome mériteraient d’échapper à l’oubli. Mais Linsén ne se borna pas au rôle de traducteur.
Il a écrit plusieurs dissertations se rapportant à l’histoire et à la littérature romaines.. Ce qui
donne à ces écrits leur valeur, c’est moins les recherches de détail que le sérieux de la conception,
l’intérêt de l’auteur pour le développement de la civilisation.
Rappelons encore que Johan L udvig R uneberg a été un représentant distingué de la tendance
esthétique de la philologie à cette époque. De même que Franzén, notre plus grand poète s’est formé
à l’école des anciens. Sa «Comparaison de la Médée d’Euripide avec celle de Sénèque»’ et ses «Observations
sur le choeur tragique» - 4* si même il arrive à des conclusions en partie contestables — suffisent
à nous convaincre que les auteurs romains et grecs n’ont jamais eu dans notre pays un interprété plus
indépendant et qui les ait plus intimement pénétrés.
E d va rd Jo n a s W ilhelm, a f B runér (1816— 1871) s ’efforça, non sans -succès, de donner aux études
classiques un caractère plus sévèrement scientifique. Esprit’ délicat, coeur sensible et chaud, Brunér était
un enthousiaste de la culture classique. Ses ouvrages sont savants et profonds, mais souvent il s’enfonce
trop dans le détail et perd par là les vues d’ensemble. Si l’on ajoute à cela que son style en latin est
maniéré et contraint, on comprendra que les ouvrages de Brunér n’aient pas l’importance que Pérudition
de l’auteur et sa pleine possession des sujets traités sembleraient devoir leur assurer. Ses travaux de
grammaire en particulier sont d’une lecture difficile, et „souvent contestables. On trouve plus de plaisir
à ses études sur l’histoire et les antiquités de Rome. Ses recherches sur la bibliographie' antique ne sont
pas sans valeur. Le sens du détail et des nuances poétiques qui caractérise Brunér, fait de son étude
sur la date et le classement des poésies de Catulle une oeuvre maîtresse. Il fut heureux aussi dans la
critique des textes. Brunér occupa la chaire de littérature romaine — elle reçut alors cette dénomination
— depuis 1851 jusqu’à sa mort.
Vers le milieu du siècle, les écoles secondaires possédaient des professeurs distingués de langue
latine. Le principal fut K. R . F orsman, directeur de lycée, qui vers 1840 annota en suédois Cicéfon et
César et publia de ces auteurs des éditions qui ne perdent rien à la comparaison avec lés éditions usuelles
en Allemagne, pourvues de notes en allemand.
En 1849, Geitlin avait quitté la chaire de langues orientales pour faire place à un homme dont la
réputation était en train de devenir européenne. G eo rg A u gust W a llin (181 i—=1852), après s’être
préparé à Saint-Pétersbourg par de fortes études de langues orientales, avait entrepris, en 1843, un voyage
en Orient. Pendant un séjour de six ans en Egypte, en Syrie, en Perse et surtout parmi les Bédouins
du désert, au milieu de dangers et de privations sans nombre, Wallin avait acquis une connaissance rare
en Europe des langues d e . l’Orient, et s’était familiarisé avec le désert arabe et ses habitants comme
personne en Europe avant lui. A son retour de ce long voyage — trop court à son gré pour apprendre
sur l’Orient tout ce qu’il aurait voulu savoir — il séjourna d’abord quelque temps à Londres. Il y
contribua à la confection- d’une nouvelle carte de l’Arabie pour le compte.de la Compagnie des Indes.
La Société de Géographie de Londres, qui avait publié une partie de ses voyages, lui décerna le prix
royal pour découvertes géographiques. Il reçut une médaille d’argent de la Société géographique de
France. Il publia dans la revue de la Société orientaliste
allemande des chansons bédouines néo-arabes-qui attirèrent;
l’attention. Il se livra en même temps à des études suri
la poésie' et la grammaire des Arabes. Wallin faisait ainsi
espérer d’importants services à la science,. lorsque, deux
ans après-son retour dans sa patrie, la mort l’enleva à la
grande ;iléuvre qu’il projetait (1852). Après la mort de
Wallin, on a publié ses notes de voyage et ses lettres
d’O rient, ainsi que ses- Observations sur la phonologie
arabe et sur la langue des Bédouins: ces publications
révèlent ch ez Wallin un rare talent d’observation et un
profond sentiment de la nature.
A Wallin succéda H erman K el lg ren. Admirablement
doué, sa spécialité était proprement le sanscrit: et il
a laissé une belle traduction suédoise dés chants de Nala.
Il acquit en un temps incroyablement court la connaissance
des langues orientales, dont il fut nommé professeur en
1854, mais il mourut deux ans après seulement, à l’âge
de 34 ans. Une grammaire turque publiée par lui en
allemand est encore estimée.
Après la mort de Kellgren, la chaire de langues
orientales fut occupée par Ja k o b Johan W ilhelm L agus
(né en 1821), savant distingué, versé dans la connaissance
de la littérature classique, des langues orientales et de
l’histoire de la civilisation dans notre pays. Ses recherches documentaires, publiées après 1840, sur les Vies
de Plutarque, sont les travaux les profonds de ph ilolog ie classique qui eussent encore été faits à
notre Université. Lagus a rendu à l’enseignement de l’arabe un signalé service en publiant un Manuel
d’arabe, détaillé et bien fait. Lagus a été professeur de littérature grecque de 1866 à 1886.
L ’enseignement du sanscrit a actuellement pour représentant O. D onner, qui, ainsi qu’on l’a vu plus
haut, a pris aussi une part active aux recherches sur les langues finno-ougriennes. K . L. T a l lq v is t ,
agrégé de langues sémitiques, a publié plusieurs études sur les cunéiformes. Le syriaqu e a aussi fait
l’objet de travaux à notre Université dans ces dernières années. — K . A. R. T ôtterman, actuellement
professeur d’exégèse, a fait preuve d’une connaissance étendue des langues, sémitiques.
Les publications de C. S ynnerberg et des professeurs F. W. G u st a f s so n , O. E. T udeer et I. A.
H eik e l , ainsi que d’autres assez nombreuses parues dans ces derniers temps, traitent surtout des questions
de grammaire, de critique des textes et d’antiquités.