Il est encore trop tôt pour juger les fruits que porte cette oeuvre. Un de ses résultats est déjà
évident: une connaissance bien plus exacte des anciens temps de la civilisation suédoise en Finlande.
Dès sa fondation, la Société a eu pour président le professéur C. G. E s t l an d er et pour secrétaire
C. S yn nerb erg , inspecteur de l’enseignement secondaire, tous deux réélus d’année en année.
A x e l L i l l e .
E. LA SOC IÉTÉ FINNO-OUGRIENNE.
La célébration du cinquantième anniversaire de la Société de littérature finnoise avait fourni l’occasion
de constater mieux que jamais les beaux résultats qui peuvent être atteints par l’association des
ressources et le' travail en commun. C’est alors que naquit l’idée de fonder une Société qui aurait pour
tâche d’étudier les langues des peuples finno-ougriens, leurs moeurs, leur mythologie, leurs légendes, etc.
Le travail ne manquait pas. Les recherches déjà faites sur ce terrain étaient tout à fait insuffisantes, et
le temps pressait: chaque année qu’on laissait écouler pouvait disperser et faire disparaître à jamais des
matériaux précieux, car les peuples finno-ougriens sont pour la plupart disséminés comme des îlots dans
l’océan slave, qui d’un moment à l’autre peut les submerger.
C’est pour sauver ces matériaux, et aussi pour répandre dans un plus grand public la. connaissance
des peuples finno-ougriens, que fut fondée la Société pour les tribus finnoises. Mais cette Société, composée
d’un petit nombre de spécialistes, ne vécut pas longtemps. C’est alors que le professeur O t to
D onner se mit à travailler activement à la formation d’une association générale, dont le but serait exclusivement
scientifique, et qui pour les ressources nécessaires compterait principalement sur les contributions
de ses membres. Ses efforts furent couronnés de succès. Bientôt un grand nombre de personnes
eurent promis leur concours comme membres fondateurs, et, le 15 novembre 1883, la Société Finno-
Ougrienne put se constituer. Les membres fondateurs Contribuèrent pour 200 marcs chacun; beaucoup
même donnèrent davantage, de sorte que dès cette première séance, la Société se trouvait posséder
35,000 marcs environ.
L’objet de la Société est de «contribuer à la connaissance des peuples finno-ougriens par l’étude
scientifique de leurs langues, de leur archéologie, de leur histoire ancienne et de leur ethnographie». Elle
a travaillé de plusieurs manières à la réalisation de cet objet.
Un de ses actes les plus importants a été d’organiser des recherches dans les territoires mêmes
habités par des populations finno-oùgriennes. Pendant les onze ans qui se sont écoulés depuis sa-fon-
dation, la Société a envoyé à ses frais plusieurs savants étudier sur place ces langues et ces peuples.
V. P o r k k a , prématurément enlevé à ses amis et à la science, a visité les Tchérémisses, H. P a aso n en ,
les Morduins, Y. W ichmann a étudié la langue dés Votiaks, le Suédois K. B. W iklund, l’idiome lapon,
sans parler de beaucoup d’autres.
Puis la Société a entrepris la tâche non moins importante de publier les résultats de ces recherches.
La principale de ses publications a été jusqu’ici le Suomalais-ugrilaisen seuran aikakauskirja — Journal
de la Société Finno-Ougrienne, dont il a déjà paru 12 livraisons (1886— 1894). Cette revue contient des
articles se rapportant aux différentes branches des recherches finno-ougriennes : études linguistiques,
articles de folklore et d’ethnographie; comme exemple d’idiomes, elle a publié de précieuses collections
de contes et de poésies populaires.
A cette revue la Société a ajouté, depuis 1890, une autre série: Suomalais-ugrilaisen seuran toimi-
tuksia — Mémoires de la Société Finno-Ougrienne, qui contient de plus longues études et des collections
de matériaux; il en a paru sept livraisons (1890— 94).
En ,1892, la Société fit paraître une publication précieuse sous le titre de Inscriptions de l’Orkhon
(en français), qui contient le compte-rendu du voyage du docteur A. O. Heik e l dans l’Asie centrale et
l’examen des inscriptions copiées par Heikel pendant son voyage. Le professeur O. D onner a collaboré
à ce travail. Ces inscriptions ont été déchiffrées par le professeur V. T homsen à Copenhague; il a
constaté qu’elles sont rédigées en un dialecte turc du 8e siècle; le résultat de son travail vient d’être
publié dans les Mémoires de la Société. Le gouvernement et la diète de Finlande avaient alloué à la
Société une subvention pour l’exécution et la publication de ces recherches.
En outre, la Société a voulu rendre plus vivant l’intérêt scientifique en instituant des conférences
sur des sujets appartenant à sa sphère d’action. Ces conférences ont été faites dans les réunions mensuelles
et ont souvent attiré un assez grand cercle d’auditeurs.
Le baron H. Mo lan d er , sénateur, a été président de la Société depuis sa fondation jusqu’en 1893.
Le vice-président fut d’abord le professeur A ug. A h lq v ist et le secrétaire, le professeur O. D onner.
Après la mort d’Ahlqvist, D onner, fut élu vice-président, et E. N. S e t â l â (agrégé; depuis 1893 professeur
de langue et de littérature finnoise), secrétaire. Actuellement CL Donner est président, E. N. Setâlâ,
vice-président et H. Paasonen, secrétaire.
La Société Finno-Ougrienime a su grouper autour d’elle une phalange enthousiaste de jeunes ouvriers
au service de la science, sur le dévouement desquels elle peut compter pour exploiter dans l’avenir avec
autant de succès que par le passé le champ de la science dont elle a fait son domaine.
E. N. S e t â l â . .
F. LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE FINLANDE E T LA SOCIÉTÉ
FINLANDAISE D ’ARCHÉOLOGIE.
Plus directement encore que la Société Finno-Ougrienne, la Société d’histoire de Finlande tire son
origine de la Société de littérature finnoise. Il se forma en effet, en 1864, dans cette dernière Société,
une section d’histoire, qui, deux ans plus tard, commença la publication d’un journal à elle en finnois,
les «Archives historiques». Citons en première ligne parmi les membres de cette section dont le nom
revient le plus souvent dans la revue: F. J. R a b b e , Y rjô K oskinen, K . E . F. Ign a t ius , K . A. B omansson
et S. G. E lmgren. Cependant l’idée de fonder une Société indépendante avait fait peu à peu du chemin,
si bien qu’en 1875 les savants cités plus haut obtinrent du gouvernement la ratification des statuts d’une
«Société d’histoire de Finlande». Selon ces statuts, la Société n’admet comme membres que des personnes
qui «par des travaux publiés se sont montrées capables de recherches scientifiques sur l’histoire de
Finlande». Le nombre des membres, limité d’abord à 15, fut élevé à 24 à partir de 1889.
La nouvelle Société avait hérité de la section d’histoire la revue les «Archives historiques», dont
13 volumes ont paru jusqu’à présent. Ces Archives contiennent, outre le procès-verbal des séances et
les communications de peu d’étendue qui y sont consignées, des dissertations, des articles et aussi des
documents relatifs aux différentes branches des annales de la patrie. Le manqué de ressources entrava
longtemps l’activité de la Société. Néanmoins elle entreprit, en 1882, la publication d’une collection
intitulée «Documents pour servir à l’histoire de Finlande» (en finnois), et comme en même temps il
lui fut alloué un subside sur le fonds Lângman, qui lui fut renouvelé depuis, la publication de ces
documents a pu être continuée jusqu’ici, non toutefois sans subir quelques interruptions. Les séries
déjà parues contiennent des documents relatifs aux conditions de l’impôt et de la fortune pendant le
16 e siècle, les anciens procès-verbaux du Consistoire de l’Académie d’Àbo (années 1640 à 1664) et des
actes mettant en lumière l’administration de la Finlande pendant les années mémorables 1808 et 1809.