B. LES ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.
Une réforme des écoles de la Suède et de la Finlande se préparait à l’entrée du 19e siècle. La
loi scolaire de 1724 ne répondait plus aux besoins de l’époque; les progrès généraux de la civilisation
créaient des exigences nouvelles,' et dans le domaine propre de la pédagogie se faisaient jour.de nouvelles
et vivifiantes idées; le siècle qui finissait avait vu germer des semences fécondes et léguait des pousses
déjà vigoureuses au siècle qui se levait. La loi scolaire de 1807 fut un des fruits de ces tentatives de
réforme; elle tendait à satisfaire le besoin de connaissances exactes, à renforcer un personnel enseignant
trop peu nombreux, tout en élevant le niveau de son instruction. Mais cette nouvelle organisation ne
put pas être réalisée en Finlande; la guerre de 1808 éclata, et, après la guerre, l’école rentra dans les
vieilles ornières. La diète de Borgâ avait, il est vrai, projeté des mesures pour l’amélioration de l ’enseignement,
et, à l’occasion du rapport présenté en 1813 par le Conseil de gouvernement sur Inorganisation
de l’instruction publique dans le gouvernement de Viborg, le Monarque lui-même avait reconnu la nécessité
de «réaliser l’amélioration et la réorganisation de l’instruction publique en Finlande d’après les nouvelles
méthodes, comme le précédent gouvernement l’avait déjà projeté». Mais les travaux préparatoires
de la réforme traînèrent en longueur et . cette réorganisation si urgente ne put avoir lieu qu’en 1841.
En attendant, on avait conservé, depuis le 17e siècle, la division des écoles en «pédagogies», «écoles
triviales» et «gymnases». Les, premières étaient des écoles enfantines qui préparaient à l’admission dans
les écoles triviales. . Celles-ci, comprenant un cours d’études de six années, réparti sur quatre classes,
constituaient l’enseignement secondaire proprement dit, bien que leur programme fût surchargé de latin,
de grec et d’hébreu; leur but était originairement aussi de préparer leurs élèves aux carrières de l’Eglise
et de l’enseignement. A l’école triviale était jointe une classe dite d’«apologistes» ou de commis, pour
les élèves qui se destinaient au commerce ou aux professions manuelles. Les écoles les plus élevées et
les plus considérées étaient les gymnases, où les études étaient aussi exclusivement classiques, mais plus
étendues et spécialement destinées à préparer lés élèves pour l’Académie. La condition extérieure des
écoles n’était pas brillante. Les bâtiments scolaires étaient en certains endroits si insuffisants et si mal
aménagés que plusieurs classes partageaient la même salle. Les instituteurs étaient en petit nombre,
mal préparés et peu payés. Les peines corporelles étaient appliquées souvent avec sévérité. Il y eut
cependant même à cette époque des maîtres qui se distinguèrent par leurs capacités et donnèrent de la
réputation aux établissements où ils enseignaient. Les professeurs de l’enseignement secondaire jouissaient
alors de certaines prérogatives relativement à la nominatioii aux bénéfices ecclésiastiques. La perspective
d’obtenir une cure était une compensation aux maigres salaires de l’enseignement scolaire et. y attirait
des hommes ayant fait de bonnes études. Au commencement du siècle, il y avait en Finlande^ outre
les pédagogies, le s . écoles secondaires suivantes : l’école cathédrale d’Àbo, transformée en gymnase en
1830 après le transfert de l’Université à Helsingfors, le gymnase de Borgâ et sept écoles triviales.
Le tableau que présentait l’instruction publique dans la «Vieille Finlande» ou gouvernement de
Viborg, était tout différent. Elle avait été organisée par une loin scolaire de 1804. Le premier enseignement
se donnait dans des écoles élémentaires, dont les élèves passaient ensuite dans une des sept écoles
de district avec un cours d’études de deux ou trois années. A la tête .du système était le gymnase de
Viborg, divisé en trois classes. Les programmes, à côté des langues classiques, admettaient les. langues
modernes, les mathématiques, les sciences naturelles et les autres connaissances générales. Cette organisation
devait son origine aux relations avec l’Allemagne, la patrie de la pédagogie, relations qui avaient
pour intermédiaire l’université de Dorpat, et qui étaient si intimes que dans les classes, supérieures les
leçons étaient données en allemand et assez souvent par des Allemands — 'circonstance, il est vrai, peu
favorable à l’enseignement, car une grande partie des élèves ne savaient pas l’allemand à leur entrée à
l’école. Dans cette région, le gouvernement avait aussi pourvu au besoin d’instruction des femmes. En
x8i2, en effet, il y existait six écoles publiques de jeunes filles. — Cette organisation fut conservée dans
ses traits essentiels lorsqu’en 1811 le gouvernement de Viborg fut réuni au reste de la Finlande.
Quelques institutions particulières, créées par l’initiative privée, apparaissent à cette époque comme
des points lumineux sur le ciel assez sombre de la pédagogie et semblent présager l’aurore d’un nouveau
jour pour l’instruction et l’éducation de la jeunesse. Un disciple et admirateur de Pestalozzi, et qui
voulut marcher sur les traces de son maître, O dert G ripenberg (1788— 1848), ouvrit en 1812 une école
particulière. Un trait bien remarquable pour l’époque du programme de cette école, fut l’exclusion
absolue des langues classiques et leur remplacement par l’enseignement des langues modernes. Cet
établissement subit des destinées variables jusqu’en 1822, où, après avoir changé deux fois de domicile,
if fut définitivement fermé. Plus tard cependant, en 1835, Gripenberg ouvrit une nouvelle école à Helsingfors.
— Une autre entreprise particulière, mais qui devait être plus durable, fut le «Lycée de Helsingfors
», fondé en 1831 à Helsingfors. Le plan en avait été arrêté dans un cercle de jeunes profes-
seûrsà l ’Université, parmi lesquels nous citerons A. A. L a u r e l l , agrégé, puis professeur de dogmatique,
qui fut le premier directeur de l’école, J. L . R uneberg, J. J. N er-vand er et B. O. L il l e . S ous la direction
éclairée, d’abord de Laurell, puis
de l’énergique K . B ackman (1805-II
1856), et grâce à un personnel enseignant
distingué, la nouvelle entreprise
acquit bientôt la réputation méritée
de la meilleure école du pays.
Elle comprenait non seulement les
classes de gymnase, mais aussi l’enseignement
élémentaire. Son programme
différait de celui des anciennes
écoles en ce qu’il faisait une place
aux langues modernes à côté de l’enseignement
classique.' Mais il se distinguait
aussi des écoles publiques;
par l’esprit et les méthodes de l’enseignement.
Le Lycée de Helsingfors,
qui continua d’exister jusqu’en
1891, marque une époque dans I’his- Le gymnase; actuellement lycée, de Vasa.
toire pédagogique de la Finlande :
il fut le précurseur de la réforme de l’instruction publique. — Un troisième établissement particulier à
tendances franchement «réales» fut fondé à Âbo, en 1840, par E. B ergenheim, lecteur au gymnase, plus
tard archevêque, mais il ne se maintint pas longtemps.
L’année 1841 marque le commencement d’une nouvelle époque dans l’histoire de 1 école finlandaise.
Les travaux préparatoires de la réforme déjà reconnue nécessaire lors de l’union avec la Russie, étaient
enfin terminés. Cette même année furent promulguées diverses ordonnances spéciales relatives à la
réorganisation des écoles, et ces lois furent suivies, en 1843, d’un plan détaillé d’organisation des gymnases
et des écoles. Il y était statué que l’enseignement secondaire comprendrait des écoles élémentaires
inférieures, à une ou deux classes, des écoles élémentaires supérieures, à quatre classes, et des gymnases,
à deux, plus tard trois, classes, où se terminaient les études secondaires et qui ouvraient l’accès à 1 Université.
Des gymnases de ce type furent organisés à Âbo, Borgâ, Kuopio et Vasa; à Viborg on forma
un gymnase de six classes en réunissant une école de district avec l’ancien gymnase. On établit des
écoles élémentaires supérieures dans les villes qui avaient des gymnases et en outre dans six autres; le
nombre des écoles élémentaires inférieures fut de trente. Le personnel enseignant, si mal rétribué