L ’INDUSTRIE.
La destruction des forêts était anciennement la . condition nécessaire de la culture; de là l’idée si
persistante dans le peuple que les arbres ne sont pas un bien, mais plutôt un embarras. Nulle part les
forêts n’ont été aussi maltraitées qu’en Finlande. Depuis une trentaine d’années, le gouvernement a
créé une administration forestière et a cherché à introduire une exploitation rationnelle; la grande augmentation
de valeur des bois comme article d’exportation a puissamment secondé ses efforts vers ce but.
Les forêts de l’État mesuraient, en 1887, 14,275,185 hectares; elles sont assurées d’un entretien judicieux
et mises en coupe réglée. Mais les faits suivants donneront une' idée de l’abus que les particuliers ont
fait et font partiellement encore de leurs forêts.
Le défrichement par l’incendie des bois a presque complètement .cessé dans l’ouest, mais est encore
en usage dans le centre et dans l’est. On abat les arbres et on les laisse sécher pendant un été, après
R a d e a u d e b o i s f lo t t é , dessin de A . Gallén.
quoi on y met le feu. Le sol, fertilisé par la cendre, donne une bonne moisson, mais si on lui en
demande davantage, il s’épuise vite. De vastes étendues de pays, surtout, dans le sud du Savolaks, ont
été ainsi rendues stériles pour plusieurs générations. La législation a longtemps combattu cet abus et
a enfin réussi à le réprimer en quelque mesure. Mais même là où sont appliqués les procédés réguliers
d’agriculture, on sacrifie annuellement des millions de jeunes arbres pour la construction de barrières
entre les champs, et les troupeaux, qu’on laisse paître librement dans les bois, broutent ou foulent aux
pieds les jeunes plants.
Outre les immenses quantités de bois de chauffage qu’il faut pour satisfaire aux besoins du climat,
des usines, des tuileries, des chemins de fer, des bateaux à vapeur, de la fabrication du gaz, la Finlande
en exporte régulièrement à Saint-Pétersbourg, à Stockholm et dans d’autres ports de la Baltique. Les
bûcherons déboisent lés collines de la côte; la mince couche de terreau produite par la dépouille séculaire
des forêts est bientôt desséchée par le Soleil, entraînée par lès pluies, dispersée par le vent, et le rocher
reste à nu. Et ce n’étaient là pourtant que les restes dédaignés par les gros marchands de bois de scie
et de bois de charpente; il faut au moins cent mille troncs d’arbre pour que cela vaille la peine de