à vapeur, il avait une flottille commerciale importante. Uleâborg (en finnois Oulu, 13,000 habitants) était
anciennement un bourg, mais acquit de l’importance par le voisinage d’un château-fort qui y fut construit
en 1590, et obtint les privilèges municipaux en 1610. Cette ville, où est né le poète F. M. Franzém,
fut pillée par l’ennemi en 1714, détruite par un incendie en 1822; c’est maintenant la résidence du
gouverneur et le port d’exportation du nord de l’Ostrobothnie et du bassin du fleuve d’Uleâ. En 1793,
sa citadelle fut frappée par la foudre et sauta. Kemi (630 habitants) est une ville nouvelle à l’embouchure
du grand fleuve poissonneux du même nom. Torneâ (1,300 habitants), sur une lie à l’embouchure
de la rivière de Torneâ, qui marque la limite entre la Finlande et la Suède, date de 1621 et a appartenu
à la province suédoise de Vesterbotten jusqu’en 1809. Cette ville doit quelque importance à sa
position de ville frontière, vis-à-vis de Haparanda, sur la rive suédoise, et au séjour qu’y font les
touristes en se rendant, à 62 kilomètres plus au nord, au sommet de la colline à'Aavasaksa pour y
contempler le soleil de minuit.
Une longue suite de lacs, situés au nord du 64e degré, réunissent leurs eaux dans l’Uleâ, qui se
précipite en Àmmà, par une chute de 5 m. 34 cm., dans le lac d’Oulujârvi. C’est là que, en 1607, Charles IX
fit construire un fort, Kajaneborg, sur une île immédiatement au-dessus de la chute, pour protéger la
contrée contre les incursions russes. Ce fort répondit bien à sa destination jusqu’à ce qu’en 1716, après
avoir été défendu pendant un mois par cinquante invalides contre trois mille hommes, la famine le força de
capituler; l’ennemi le fit sauter peu après. Sur la rive gauche du rapide s’était élevée la ville de Kajana
(1,200 habitants). Ses foires étaient les plus fréquentées du nord de la Finlande. Son nom dérive de Kainu,
Kainunmaa, Kajanien, pays des Kvènes, nom d’une tribu du nord de l’Ostrobothnie; aussi Charles IX
ajouta-t-il à ses titres celui de «roi des Lapons et des Kajaniens». En 1846 on construisit une écluse
de 14 mètres 85 cm. pour tourner la chuté d’Âmmâ; ce détour permet aux canots chargés de tonneaux
de goudron de descendre au lac, d’où, au retour, on les fait remonter en les halant ou les poussant le
long des rapides. Alexandre 1er, faisant une tournée en Finlande, arriva à Kajana en août 1819; il
traversa le lac dans un bateau à rames au milieu d’une tempête, continua sa route tantôt à cheval, tantôt .à
pied, tantôt dans une charrette de paysan, à travers des solitudes sans routes frayées, prenant ses repas
dans les chaumières, une fois même dans une écurie décorée de feuillage pour la circonstance, et arriva
ainsi à 1 extrême frontière de son empire, à Torneâ, d’où il revint en suivant la côte, excitant partout
l’admiration des populations.
Les plaines de l’Ostrobothnie sont abreuvées de sang. Elles offraient un vaste espace aux évolutions
.'des armées, et nombreux sont les -champs de bataille où se sont décidées les destinées du pays
depuis le temps de la guerre des massues : sur le cours gelé de l’Ilmola en 1596, sur la glace du Kyrü
en 1714, sur les hauteurs d’Oravais en 1808, sans parler des alternatives de victoires et de défaites à
Revolaks, à Siikajoki, à Lappo, à Alavo, etc. Nous reproduisons ici deux de ces sites: Storkyro avec
ses roches roulées et ses champs fertiles, et la plaine qui entoure l’église de Lappo.
La Laponie, telle que se la peint l’imagination populaire, c’est le nord vague et désert, sans routes,
où paissent les troupeaux de. rennes-, où l’orge ne mûrit plus et où la forêt mourante rampe le long du
sol. Dans la réalité, cette Laponie-là n’a de frontières naturelles que l’océan Glacial. La Finlande
envahit le nord de plus en plus: Le cheval, les routes carrossables, les champs cultivés pénètrent à la
L’Iv a lo jo k g^
suite du colon finlandais sur le territoire du Lapon partout où une pente au soleil permet l’espoir d’une
récolte d’orge. Même arrivé à la limite des forêts, le colon ne regarde pas en arrière. Devant lui miroite
la mer Glaciale et ses pêcheries abondantes. Mais une étroite bande de terrain, appartenant à la Norvège,
l’en sépare, et il n’y peut arriver que comme mercenaire aux gages des pêcheurs norvégiens. La
Finlande n’a pas été consultée à la conclusion des traités de paix!
Un temps, on crut entrevoir une Californie dans cet extrême nord. Des bruits couraient dans le
peuple de trouvailles d’or en Laponie. Deux marins finlandais, revenus de la Californie, s’y étaient rendus
à pied et avaient réussi à laver un peu de poussière d’or dans les sables de l’Ivalojoki entre le 68e
et -le 69e degré de latitude. Le bruit s’en répandit, les deux marins eurent de nombreux imitateurs, le
gouvernement s’en mêla et régla la nouvelle industrie. En 1870, trois cents laveurs trouvèrent 19,135
grammes d’or; l’année suivante quatre cent soixante-quinze ouvriers en recueillirent 56,692 grammes.
Dès lors l’exploitation est allée en diminuant. En 1886, il n’y avait plus que soixante-sept ouvriers pour
une récolte de 4,761 grammes seulement. Plusieurs des rivières de la Laponie roulent de l’or, mais en