maîtrise qui paraissait lui promettre une place éminente parmi les paysagistes modernes. Holmberg se
rattacha à la nouvelle école réaliste qui avait pour chef le Norvégien Gude. Mais le «naturalisme» de
ce temps-là préconisait plutôt qu’il n’excluait une interprétation de la nature; et cela se montrait aussi
bien dans la «composition» du paysage que dans le Coloris. C’est selon ces principes que Holmberg
apprit à rendre la. puissance de vitalité dans la nature plus riche de l’Allemagne (ainsi dans ce tableau
de 1856, représentant un parc avec des marronniers en fleur,- qui fut son premier coup d’éclat à Dussel-
dorf, et dans la ferme westphalienne,- sans date, probablement de l’année suivante, qui se trouve au Palais
Impérial de Helsingfors) ; il lui arriva même parfois plus tard de prêter la même exubérance à ses
paysages du Nord (par exemple le magnifique intérieur de forêt par la pluie, de 1859, appartenant au
même Palais). Toutefois, Holmberg se montra bientôt original par le choix des motifs et par une fidélité
à la nature encore plus grande que celle qui distinguait l’école.
Revenu en Finlande en 1857, il s’établit dans ces mêmes contrées du Tavastland dont la beauté
avait naguère rempli l’âme de Runeberg d’un patriotisme puissant; là les qualités personnelles du talent
de Holmberg commencèrent à se dégager de
toutes réminiscences étrangères. Les superbes
aquarelles qu’il peignit cet été-là et le suivant,
et qu’il ne considérait, selon les idées du temps,
que comme des études, sont en réalité des
peintures de plein-air selon les préceptes de
l’école moderne. ~Un fait digne de remarque
cependant, c’est que Holmberg fut rarement
tenté de reproduire des vues de nos lacs de
l’intérieur, si souvent représentés par Magnus
von Wright. Il préférait un paysage plus restreint,
d’un caractère intime ou romantique.
Les arbres, les forêts sont les sujets- favoris
de la jeunesse de Holmberg, et il leur resta
toujours fidèle, bien que d’ailleurs ses motifs
soient très variés. Et son coloris change tellement,
qu’on a quelquefois de la peine à croire
que ses tableaux sont de la même main.
Une grande partie des tableaux de Holmberg
sont restés à F étranger ; il y en a cependant
beaucoup aussi dans le pays. La Société
des beaux-arts en possède huit, dont un grand
paysage «idéalisé» (1860). Un des plus beaux, de la même année, «Une chaude journée d’été», est à la
salle de dessin de l’Université (voir la gravure hors texte, p. 66). Cet hiver-là, le dernier de sa vie,
Holmberg déploya une dévorante activité, malgré les progrès de sa maladie de poitrine, comme s’il avait
voulu se hâter de produire avant la fin de sa courte journée. Il mourut à Dusseldorf en 1860, âgé de
trente ans à. peine. Sa carrière fut courte — cinq années seulement du libre exercice de son art. Mais
si sa mort décevait amèrement les espérances qu’on fondait sur lui en dehors même de la Finlande, son
oeuvre n’en avait pas moins l’importance d’un modèle et d’un encouragement pour les artistes finlandais,
et aussi d’une garantie pour l’avenir de l’art finlandais.
A dol f von B e c k er (né en 1831) et S everin F alkman (1831— 1889) suivirent un autre chemin; ils
sé rendirent à Paris peu avant 1860. Tous deux devinrent peintres de genre; celui-ci emprunta à l ’Italie
les motifs de ses premières et meilleures toiles; celui-là prit ses sujets en partie en France (par exemple
«Une partie de piquet»;, à la galerie de la Société des beaux-arts), en partie dans l’Ostrobothnie.