la publication de ses «Notices», dont il écrivit presque seul les premières livraisons. Les premiers travaux
de Nylander se rapportaient à l’entomologie, mais bientôt il se consacra tout entier à la botanique.
Ses descriptions de la flore de différentes régions du pays surpassaient en exactitude et en étendue tout
ce qui avait été publié jusqu’alors, et le catalogue qu’il fit paraître en 1859, en collaboration avec Th.
S æ l a n , de l’herbier finlandais de l’Université (Herbarium Musei Fenmci), encouragea puissamment à de
nouvelles recherches, en signalant les lacunes à combler. Nylander abandonna cette oeuvre à d’autres
pour se concentrer dans l’étude des lichens.- Son Essai d’une nouvelle classification des lichens (1854
— 55, en français), sa Synopsis lichenum (1858— 69), ses Lichenes Scandinaviev (1861), le mirent au premier
rang des lichénologues du temps. Sa carrière en Finlande ne fut pas aussi longue qu’on l’aurait désiré.
Quand on scinda la chaire de zoologie et de botanique, il occupa le premier la nouvelle chaire -de botanique
depuis 1857, mais il ne la conserva que jusqu’en 1863, alors que, mécontent de l’état des choses
dans sa patrie, il alla se fixer à Paris. L à son activité infatigable ne s’est pas démentie. Étendant sans
cesse ses études, il a publié, coup sur coup, un grand nombre de travaux sur les lichens, leur système
et leur distribution géographique, et maintenant, dans sa vieillesse, il-est universellement cité comme un
des savants les plus versés dans la connaissance des lichens qu’il y ait jamais eù. En 1869 l’Académie
des Sciences de France a décerné le prix Desmazières à son travail sur les lichens des tropiques. _
Le départ de Nylander fut une grande perte pour la science finlandaise, mais l’impulsion qu’il avait
donnée ne cessa pas d’agir. Il avait formé des disciples qui continuèrent à explorer la flore des différentes
régions du pays; on s’intéressa de plus en plus à l’étude des cryptogames, fort négligée jusqu’alors.
Son successeur, le Suédois S. O. L in d b e r g (1835— 1889), fit faire de grands progrès à la bryologie; observateur
pénétrant,. systématicieri original, ses recherches sè portèrent de préférence sur les mousses
Scandinaves; son autorité en cette matière était universellement reconnue, et l’Académie des Sciences de
Paris l’honora, lui aussi, du prix Desmazières (1885). La mycologie a été étudiée avec un zèle infatigable
et beaucoup de pénétration par P. A. K a r s t e n (né èn 1834). On peut dire qu’à l’heure qu’il est,
la flore finlandaise, relativement aux cryptogames aussi bien qu’aux végétaux supérieurs, a été étudiée
d’aussi près que la flore des grands pays de l’Europe.
Il en est de même de la zoologie. La connaissance des animaux vertébrés, déjà fixée dans ses lignes
principales vers le milieu du siècle, n’a fait que se perfectionner depuis. Les insectes ont été étudiés
par plusieurs savants, et au premier rang par J. S a h l b e r g (né en 1845), qiii, poursuivant avec succès
l’oeuvre de son grand-père, a publié de nombreux travaux sur les insectes de la Finlande et en général
des pays du Nord. Ce n’est que parmi les animaux, comme aussi les végétaux, tout à fait inférieurs,
que quelques groupes restent encore à explorer.
Mais pour bien comprendre la nature d’un pays, il ne suffit pas de savoir quelles formes animales
et végétales s’y rencontrent; il faut encore montrer comment ces formes individuelles donnent en se
groupant leur caractère général aux différentes contrées et déterminent l’aspect des localités. .La végétation
joue à cet égard un bien plus grand rôle que les animaux; àtissi appartient-il au botaniste de
caractériser le pays en instituant ces recherches topographiques. L ’initiative des études de ce genrè fut
prise, après 1860, par J. P. N o r r l in (né en 1842); depuis lors, différentes parties du pays ont été successivement
explorées à ce point de vue.
Mais la nature d’un pays doit aussi être comparée avec celle des pays voisins. De bonne heure
déjà les naturalistes finlandais poussèrent leurs excursions au delà des frontières, jusqu’à la mer Blanche
et à l’Onéga. Il faut rappeler en particulier l’importante expédition qui, en 1887, sur une initiative partie
de la Societas pro fauna et flora fennica, explora la presqu’île de Kola au point de vue de la géographie
et de l’historie naturelle, et dont les travaux, complétés par des voyages d’exploration plus récents, ont
répandu la lumière sur une des contrées les moins connues de l’Europe.
On a trouvé dans ces régions une nature semblable à bien des égards à celle de la Finlande et de
la presqu’île Scandinave; la comparaison des différentes parties de l’Europe septentrionale a donné pour
résultat général que les contrées situées à l’ouest de l’Onéga et de là au nord jusqu’à la mer Blanche,
sont les postes les • plus avancés* de la région Scandinave vers l’est. Sur l’autre rive de l’Onéga règne
une autre nature; le sol même y a un autre caractère géologique; la faune et la flore qui vivent sur ce
soit;-, ont une autre apparencé^v
Le Systerbäck, le Ladoga, le Svir, l’Onéga, le lac et le fleuve de Vig, la mer Blanche, la mer Glaciale,
telles sont les limites que les naturalistes finlandais, familiers avec la nature de leur pays et des
contrées voisines, ont tracées entre la Scandinavie, au sens étendu du mot, et la Russie septentrionale.
Disons encore que dès le milieu du 18e siècle on avait commencé à faire des observations phéno-
logiques, à noter les époques les plus saillantes dans la vie de la nature, l’arrivée et le départ des oiseaux
de passage, .< le temps de'l.a frondaison, de’ la floraison, de la chute des feuilles, et d’autres phénomènes
naturels. : Dans les courts étés du Nord ces faits attirent plus l’attention que dans les climats plus égaux
du Midi; notre pays possède ainsi de longues séries d’observations qui sont évidemment importantes pour
la - connaissance de la nature dans le Nord. Ces observations ont été réunies avec soin par A. Moberg
(physicien; voir plus haut, p. 247).
On voit donc que les naturalistes finlandais se sont occupés principalement de la nature de leur
patrie. Ils ont rassemblé de riches collections nationales,
qui, déposées dans les musées de l’Université,
servent à l’instruction des nouvelles générations de
savants. Ils ont examiné dans de nombreux ouvrages
les questions auxquelles il leur incombait de répondre
plutôt qu’à des naturalistes étrangers, et ils ont contribué
de cette manière à l’avancement général de la
science. Néanmoins leur intérêt ne s’est pas borné
exclusivement à la nature indigène. Nous avons
nommé, les. botanistes Nylander, Lindberg, Karsten.
Les zoologistes aussi ont poussé avec succès leurs
investigations au delà des frontières du pays.
Le plus célèbre d’entre eux fut sans contredit
A l e x , vo n N ordmann (1803-—1866). Il fut introduit
par Rudolphi et par Ehrenberg, à Berlin, dans le
nouveau monde que le perfectionnement du microscope
ouvrit, après 1820, aux regards de l’observateur. Il
étudia cinq ans auprès d’eux, et c’est là qu’il exécuta
ses premiers et remarquables travaux sur la structure
et le dévëloppement des animaux inférieurs et en
particulier de certains vers intestinaux (Mikrographische
A l e x , v o n N o rdm a n n .
Beiträge zur Naturgeschichte der wirbellosen Thiere, Berlin 1832 ; Du Diplozoon paradoxum, Paris 1833).
Nommé en 1832 professeur de zoologie et d e , botanique au lycée Richelieu à Odessa et plus tard aussi
directeur du jardin botanique de cètte ville, il poursuivit ses observations microscopiques et fit de fréquents
voyages au cours desquels il étudia la flore et la faune, surtout les animaux vertébrés, de la
Russie méridionale jusqu’au Caucase. En 1849, il- vint occuper la chaire de zoologie et de botanique à
l’Université de Helsingfors, puis celle de zoologie seulement, quand elle fut séparée de celle de botanique
en 1852; là il s’occupa surtout d’étudier les riches collections d’ossements fossiles qu’il avait faites dans
le midi de la Russie et il publia son travail soiis le titre de Paloeontologie Süd-Russlands (1858— 1860).
En 1860, il fut élu membre correspondant de l’Académie des Sciences de. Paris.
En même temps que Nordmann, nous voyons à l’oeuvre le comte C. G. M a NNe r h e im (1797— 1854).
entomologiste, dont l’étude systématique de plusieurs groupes.de coléoptères est encore classique, et un peu
plus tard, F. W. Mà k l in (1821— 1883), entomologiste zélé, lui aussi. Dans ces derniers temps, O. M.
R e u t e r (né en 1850) a mérité la réputation d’un des plus distingués parmi les spécialistes contemporains