créations, les rôles de Nora dans «Maison de poupée» d’Ibsen et de Kirsti dans «La mort d’Elina» de
von Numers sont peut-être les plus remarquables comme créations individuelles. Le public étranger a
ratifié notre admiration: Ida Aalberg s’est fait applaudir à Bude-Pesth, à Stockholm, à Copenhague, à
Berlin. —■ Parmi les autres sujets de la troupe finnoise, nous mentionnerons O s k a r V il h o , son premier
régisseur, B r u n o B ô ô k — tous deux morts, B en jam in L e in o , le seul qui reste de la première troupe, et
K a a r o l a A v e l l a n .
En même temps qu’un art dramatique finnois, ce théâtre a créé un répertoire. Il a aiguillonné la
,production dramatique et il a pu présenter au public un nombre déjà respectable de prémices littéraires;
et en incorporant à la littérature finnoise les productions indigènes de langue suédoise et les meilleures
oeuvres dramatiques étrahgères, il a rendu, à cet égard encore, un inappréciable service au progrès de
la culture intellectuelle nationale. Le répertoire, du reste, ne s’est pas réglé sur les caprices de la mode;
on s’est efforcé de le composer de manière à cultiver le goût du public: d’abord les oeuvres indigènes
de valeur,_puis l’élite des oeuvres étrangères, anciennes et modernes, tel est le principe qu’on a fidèlement
Su iv i. Shakespeare, Molière, Schiller, Holberg, Ibsen, Bjômson sont tout aussi chez eux sur la
scène finnoise que Runeberg, Topelius, Minna Canth et von Numers. Le jeu, les costumes, les accessoires
sont marqués au coin d’ün art consciencieux' et savant. — Le meilleur témoignage à cet égard à
été rendu au théâtre finnois par un éminent artiste étranger (Goquelin), qui, après avoir assisté ici à une
représentation, exprimait son étonnement que ce théâtre fût si jeune, alors que tout semblait dénoter
qu’il s’appuyait sur une bonne et ancienne tradition.
• Ces heureux résultats son dus en partie au dévouement extraordinaire dont acteurs et public ont
toujours==fait preuve; les amis du théâtre finnois n’ont pas reculé devant les plus grands sacrifices pécuniaires
pour assurer la subsistance d’une institution qui est devenue, pour ainsi dire, le centre du mouvement
artistique national-finnois. Mais la plus grande part de reconnaissance revient au docteur Berg-
bom. Sans l’étendue et la variété de ses capacités, son indomptable énergie, sans l’élévation qu’il savait
communiquer aux intérêts grands et petits, le théâtre finnois n’aurait pas marché avec tant d’assurance
et si- victorieusement «per aspera ad astra». Il faut rappeler en même temps qu’à côté du docteur
Bergbom, sa soeur, Mlle E m il ie B e r g b o m , en s’identifiant avec son frère pour l’accomplissement d’une
mission au service de laquelle elle mettait ses connaissances peu communes et l’énergie de son dévouement,
a eu une part considérable dans le succès du théâtre finnois.
Le gouvernement a accordé au docteur.Bergbom une pension viagère comme récompense des services
rendus par lui au progrès des lumières et à la cause nationale.
Les théâtres de Helsingfors jouissent actuellement d’une subvention de 24,000 marcs chacun. Le
théâtre suédois: touche en outre une somme de 1,000 roubles pour la location de la loge Impériale et le
théâtre finnois une subvention extraordinaire de 8,000 marcs — accordée en considération du fait que ce
théâtre doit former lui-même ses sujets ; la ville dé Helsingfors donne, en outre, une certaine somme
sous la condition qu’on organise par an cinq représentations populaires à moitié prix. Les sommes
garanties par les particuliers ont été dans ces dernières années: pour le théâtre suédois de 1 0 à 3 0 .0 0 0
marcs, pour le théâtre finnois de 10 à 12,000 marcs par an.
Outre la troupe finnoise, des troupes ambulantes suédoises parcourent assez souvent la prorince.
De plus, il s’est formé, il y a peu d’années, deux troupes ambulantes indigènes: une, de langue suédoise,
qui, sous la direction de A. Arppe, a donné avec succès en Suède et en Norvège des représentations
de pièces finlandaises; l’autre, dirigée par A . A s p e g r e n , s’intitule «théâtre populaire finnois».