siècles, sans se modifier notablement dans l’intérieur et le nord de sa province, tandis que sur les frontières
il a subi davantage lès influences contemporaines. Longtemps au service des seigneurs dans les domaines
de la noblesse, l’obéissance a assoupli sans la briser sa nature opiniâtre et
droite. Sa langue est le dialecte dur de la Finlande occidentale, mêlé d’un
certain nombre de mots empruntés au suédois. Le Tavastien n’a pas le
penchant à la poésie qui distingue le Carélien; aussi les vieux mythes
sont-ils effacés chez lui; on a cependant reeuèilli sur son territoire un
nombre inattendu de chansons populaires de date plus récente.
Les Caréliens (Karjalaiset) occupent la Carélie, le Savolaks et le nord
de l’Ostrobothnie. Comparé au Tavastien, le Carélien est plus élancé,
plus délié, plus vif, plus sensible, plus versatile; il est né poète et commerçant;
il a les cheveux foncés, les yeux gris ou bruns, les membres
plus grêles; tout son extérieur révèle une nature plus ouverte et plus
accessible. Le Carélien est un enfant bien doué dont l’éducation a été
négligée. C’est lui qui a conservé jusqu’à nos jours les. vieux mythes!
finnois et il y ajoute sans cesse de nouvelles compositions lyriques. Les
noms de famille sont en usage chez lui; sa langue est le dialecte finnois-
oriental, doux, riche en diphtongues, auquel se mêlent des mots russes
sur les rives du Ladoga. Viborg a quatre langues; on y parle couramment,
outre le finnois et le suédois, le russe et l’allemand. Congénère des Permiens, célèbres au moyen âge,
le Carélien a hérité d’eux l’amour des voyages et du commerce. Errant
autrefois sur les mers à la recherche d’échanges à conclure ou d’aventures
guerrières, on le rencontre aujourd’hui conduisant sa charrette
à Saint-Pétersbourg ou sa barque sur le Ladoga. Les chemins de fer
et les bateaux à vapeur lui font une rude concurrence, mais le Carélien
est homme de ressources; à Saint-Pétersbourg tout se paye, même
les pierres et les oeufs de fourmis. Peu économe et insouciant, il fait
bonne chère quand il peut et partage volontiers avec son prochain.
«Quand on n’a pas de pain, on mange du gâteau». Dans le sud de
la Carélie on fait tous les jours du pain tendre, tandis que l’habitant
du nord, plus pauvre, mange du pain d’écorce. Comme il arrive souvent
pour les pays-frontière, une grande partie de la Carélie est restée très
en retard du reste de la Finlande. L ’agriculture, l’industrie et l’instruc-
, , . . . . . . . . , ... , , J e u n e O s t r o b .o th n ie n n e . tion populaire se relèvent graduellement depuis le milieu de ce siècle;
mais le progrès est entravé par l’existence d’une nombreuse population flottante, qui, en certains
endroits, atteint le 37 pour cent de la population totale.
Le Carélien russe, au-delà de la frontière de l’est, est devenu étranger
à la Finlande par la religion, les lois et le gouvernement, mais il conserve
le type originaire dans sa langue, ses moeurs et son caractère. Des colporteurs
caréliens du gouvernement d’Archangel parcourent les campagnes
en Finlande et fraternisent avec les habitants. Les Caréliens finlandais
forment un bizarre assemblage de colonies que les guerres et les migrations
ont mêlées et confondues. Dans le Savolaks s’est développé un
type spécial; le Savolaksien a dépassé ses voisins en intelligence et en
prospérité. L ’Ostrobothnien du nord rivalise avec lui; sa langue est devenue
plus dure et ses moeurs ont été modifiées par le voisinage des Finnois
de l’ouest. Les Caréliens du sud portaient il y a cinquante ans encore
Ostrobothnien de l’archipel, des costumes locaux variés. Au linge brodé, à la broche et au fichu de