enveloppe tout le paysage d’une vapeur âcre. Quelquefois ces incendies sont causés par l’omission des
précautions nécessaires dans les défrichements par le feu; plus souvent ils ont pour origine quelque feu
mal éteint allumé par des pâtres ou des voyageurs. Il suffit alors d’un souffle d’air pour enflammer la
mousse sèche dont le sol est couvert. La flamme alors rampe à ras de terre, s’alimente des bruyères
qu’elle trouve sur son chemin, atteint lés racines d’un arbre et s’élance jusqu’à son sommet. En peu
de temps le feu a envahi des lieues de pays; granges, moissons, fermes isolées, deviennent la proie
des flammes. Les efforts de toute la population pour limiter l’incendie sont souvent inutiles, et quand
enfin la pluie accomplit ce que l’homme n’a pu faire, la contrée présente l’aspect d’un désert noirci, où
des troncs à demi carbonisés se dressent comme des spectres. Au bout de peu d’années, une jeûné
forêt de bouleaux verdit sur ces ruines de la forêt de pins. Telle est la puissance reproductrice de la
nature, même sous ces froides latitudes, qu’elle
répare presque toujours le mal qu’elle a fait.
L ’homme seul laisse après lui de nouveaux
déserts en échange de ceux qu’il a conquis.
L 'agriculture rationnelle, qui a mis du
temps à s’introduire en Finlande, se répand
maintenant, avec les nouvelles machines agricoles,
des côtes vers l’intérieur. Et pourtant
la culture extensivo,. telle qu’on l’a pratiquée
•.jusqu’ici, et les prairies laissées à leur état
naturel, constituaient déjà un progrès sur le
défrichage par le feu. A celui-ci a succédé
l’ «écobuage». Un marais est drainé, au moyen
de fossés à ciel ouvert; on met le feu à la
couche superficielle du sol et on sème dans
la cendre; mais on s’aperçoit bientôt qu’on a
brûlé la terre végétale. On pratique partout
en Finlande l'usage de sécher et de fumerie
grain dans des étuves; ce procédé n’affecte
en rien son pouvoir germinateur. Du reste
les méthodes et les instruments agricoles varient
d’une contrée à l ’autre, mais partout
l’agriculture est la principale industrie. L ’humeur
naturelle du Finnois le dispose au travail
des champs, qui lui a appris à peiner
sans relâche, à attendre patiemment, à espérer
toujours. Ne jamais désespérer, plutôt tout
recommencer. Parlez-lui de sa vie et de sa santé, il vous répond laconiquement; parlez-lui de ses champs,
il devient éloquent.
Le paysan attachait peu de prix à ses prairies jusqu’à il y a une dizaine d’années, alors qu’une
meilleure organisation de l’industrie laitière et la hausse du prix du beurre ont donné au soin du bétail une
importance inconnue jusque-là. Autrefois il nouirissait mal ses bêtes; aujourd’hui il se rend compte que
c’est là un mauvais calcul. Le gouvernement envoie dans les campagnes des agronomes instructeurs et
des directrices de laiteries. L ’agriculture a son institut et ses écoles, ses sociétés, ses expositions
annuelles et ses prix. Des sociétés protectrices des animaux veillent au bien-être des bêtes. Le cheval,
souvent maltraité, a toujours fait l’orgueil de son maître; maintenant les bêtes à cornes commencent à
rivaliser d’importance avec lui.
La chasse, comme industrie, se pratique surtout au tir et au piège. Le renard se prend au piège
ou au poison; on poursuit le loup sur des raquettes à travers les neiges profondes, ou on l’attire dans
des fosses. On cerne l’ours dans son antre, on l’en chasse par la fumée ou au moyen de chiens, puis
on le tire ou on le tue à l’épieu. Quelquefois on l’attend à l’affût, à l’endroit où il a enfoui le cadavre
d’une vache qu’il a tuée, ou dans Le champ d’avoine où il va se régaler. La mort d’un ours se célèbre
par un festin; les chants populaires lui donnent les noms les plus caressants. La chasse à l’ours, souvent
dangereuse, est tenue en haute estime; les habiles tueurs d’ours sont célébrés comme des héros populaires.
Mârten Kitunen, mort en 1833, abattit, à l’âge de 74 ans, son cent quatre-vingt-dix-huitième ours
adulte, sans compter un grand nombre de petits.
La loi protège le gibier et interdit la chasse en certaines saisons, celle de l’élan en tout temps.
Des sociétés de chasseurs achètent le droit de chasse sur certains territoires. On chasse les tétras au
chien ou on leur tend des pièges. Les habitants de la côte font un tel pillage des oeufs des oiseaux de
mer que même le précieux eider diminue d’année en année. Le chasseur de phoques poursuit sa proie
craintive au printemps le long des côtes. Revêtu d’une chemise blanche par-dessus son costume d’hiver,
il s’approche avec précaution des phoques étendus au soleil sur la glace. Il tire les vieux et assomme
les jeunes. En automne on prend les phoques dans des filets, mais ils ne se rendent qu’après une courageuse
résistance. La chasse du phoque est souvent cruelle, toujours très dangereuse, mais ordinairement