nommé, qui voulut travailler aussi comme écrivain au progrès de l’enseignement en publiant des essais
sous le titre de Mémoires sur l’éducation, 1831, 1833. Le premier agrégé de pédagogie, K . A . A lcenius,
avait éveillé par ses travaux sur l’histoire de l’enseignement en Finlande des espérances que sa mort
prématurée vint anéantir en 1853. Cependant on s’était rendu compte de la nécessité d’une chaire de
pédagogie. L ’université finlandaise est une des premières du monde entier où la pédagogie ait été enseignée
dans une chaire spéciale; elle fut créée en 1852, adjointe d’abord à la faculté de théologie, mais
reportée plus tard à la faculté de philosophie. Parmi ceux qui l’ont occupée, citons Z . J. C le v e, né en
1820, hégélien; outre un manuel de psychologie, il publia, en 1884, une Pédagogie scolaire, dont il a
paru aussi une édition en finnois. Son successeur, F. P erand er, combattit au nom dés doctrines hégéliennes.
le système d’Herbart, auquel se rattache, au contraire, le titulaire actuel de cette chaire, W . R uin.
O. W a l l in , inspecteur des écoles primaires, a publié un ouvrage destiné surtout aux instituteurs primaires;
Traité d’éducation et d’enseignement pour l- école primaire (en finnois), 1883.
T h. R e in .
E. LA PHILOLOGIE.
A. L a philologie finnoise. Le véritable fondateur de la philologie finnoisè fut Henrik G a br ie l
P o rthan , que nous retrouvons encore ici. Il est vrai que, quand il débuta dans la carrière, l’oeuvre était
déjà commencée, il avait paru trois manuels de langue finnoise, dont le dernier ne laissait pas que d’avoir
quelque mérite; on avait imprimé quelques vocabulaires et un essai de dictionnaire finnois; on avait
recueilli et même publié quelques fragments de poésie populaire finnoise. Mais personne avant Porthan
n avait senti 1 importance d un pareil travail ; personne n’avait compris qu’il y avait là, dans l’immense
domaine de la science, un champ de travail qu'il appartenait tout naturellement au peuple finlandais
d exploiter. Porthan s occupa de toutes les branches de la philologie finnoise: étude de la grammaire et
du vocabulaire de la langue finnoise et de ses dialectes, comparaison du finnois avec d’autres langues
finno-ougnennes, reconstitution de l’histoire de la civilisation finnoise à la lumière de la linguistique,
étude de la poésie populaire, de la mythologie, de la superstition: en un mot, la langue et le folklore
finnois dans toute son étendue.
L oeuvre de Porthan appartient principalement au siècle dernier; des hommes qui recueillirent son
héritage au début du nôtre, aucun n’embrassa dans ses recherches un aussf vaste terrain. L ’étude du
finnois prit une direction surtout pratique. Le but qu’on se proposait était d’établir une langue écrite
commune en se servant de matériaux fournis par les différents dialectes, en d’autres termes: on voulait
élever le finnois à la dignité-de langue littéraire. C’était là une conséquence naturelle de la nouvelle
situation politique de la Finlande; on était nécessairement amené à la pensée d’ennoblir et de développer
la langue parlée par la grande majorité du peuple.
Les deux principaux représentants de ce mouvement furent G u st a f R en v a l l (1781—-1841, agrégé
de langue finnoise à l’Université d’Âbo, pasteur de la paroisse d’Uskela depuis 1819) et R einhold von
B e c ker (1788— 1858, professeur-adjoint d’histoire à l’Université d’Âbo en 1816); ces deux hommes, originaires
l’un de l’ouest, l’autre de l’est du pays, se firent en quelque sorte contrepoids dans la rivalité
entre les différents dialectes. A côté d’eux il faut citer Ja k o b Judén ou Juteini (1781-— 1855, secrétaire
de la mairie de Viborg en 1813), dont le travail avait en vue un but surtout pratique.
Renvall publia en 1810 et en 1811 des travaux sur la manière de parler et d’écrire correctement le
finnois (De orthoëpia et orthographia linguoe fennicoe). L ’orthographe dont il prenait la défense dans ces
écrits est essentiellement celle qui a prévalu.
Vers cette époque, les hommes qui s’appliquaient à l’étude de la langue finnoise, reçurent du dehors
une puissante" impulsion. Le célèbre linguiste danois R asmus R a s k , passant par Âbo en 1818, communiqua
aux Finlandais son zèle ardent pour la science linguistique. Il exhorta Renvall à travailler à un
dictionnaire finnois et sut intéresser à cette entreprise un riche amateur russe, le comte Roumiantsoff,
qui donna les fonds nécessaires - à l’impression. Après plusieurs années de travail, Renvall publia en
1826 son ' excellent dictionnaire Suomalainen Sana-Kirja, Lexicon linguoe finnicoe, fondé en grande partie
sur les travaux de Porthan et de Kr. Ganander; les explications des mots y sont données en latin et
en allemand, à l’usage des savants étrangers.
Dans l’intervalle, les autres auteurs qui s'intéressaient à la langue finnoise n’étaient pas restés inactifs.
Dans l’espace de huit ans il avait paru trois grammaires finnoises, c’est-à-dire autant qu’auparavant pendant
un siècle et demi. La Finnische Sprachlehre de S trahlmann (Str âhlman ), qui fut longtemps la seule
source où les étrangers pussent apprendre le finnois, et Y Essai de grammaire finnoise de Judén étaient,
il est vrai, des ouvrages de peu de valeur ; en revanche la Grammaire finnoise de Reinhold von Becker
(Âbo 1824) était très remarquable et fit faire à l’étude du
finnois; selon l’expression de Lônnrot, «un pas de sept
lieues». Le mérite de cette grammaire consiste en particulier
dans La clarté remarquable de la conception des
faits de la langue, l’attention qui y est toujours donnée
aux particularités du finnois oriental; de plus on y trouve
la première syntaxe finnoise. Renvall avait écrit en même
temps une grammaire finnoise, mais, prévenu par Becker,
il ne la publia pas alors. Ce ne fut qu’en 1840 que parut
la Grammaire finnoise d’après le pur dialecte finnois-occidental
de Renvall; le but de cet Ouvrage était de défendre
la légitimité historique du dialecte occidental au même titre
que le finnois oriental, qui comptait beaucoup de partisans^
On avait aussi commencé à recueillir et à publier des
poésies populaires finnoises. C a r l A x e l G o t t lu n d et
l’Allemand H. R. v o n S c h r ö t e r en avaient publié (en
1818 et 1819) deux ou trois collections peu considérables-,
et le médecin Z a c h a r i a s T o p e l iu s (1781— 1831) avait fait
paraître cinq fascicules sous le titre de Vieux chants du
M atth ias A le x a n d e r C a s t r é n.
peuple finnois et quelques chants plus récents (en finnois). |
Judén et Renvall étudiaient la structure des «runes» finnoises ; Becker publiait dans le journal «Turun
viikkosanomat» (Nouvelles hebdomadaires d’Âbo, 1820) un travail où il essayait de tirer du rapprochement
de différentes runes un portrait biographique du principal héros des runes épiques finnoises, Väinämöinen;
c’est dans ce travail que Lônnrot dit avoir puisé la première idée de réunir et de fondre en un tout les
poésies épiques finnoises.
L’intérêt s’était dès lors porté aussi sur l’étude des langues parentes du finnois chez les peuples
mêmes qui les parlaient. A nders Johan S jögren (1794— 1855) consacra sa vie à cet objet. Finnois de
naissance, fils d’un cordonnier de la paroisse d’Iittis, il accomplit son oeuvre hors de son pays. Sjögren
aussi reçut, d’abord indirectement, puis directement, par lettres, les encouragements de Rasmus Rask.
Pour se préparer à l’étude des peuples finnois établis en Russie, il se rendit en 1820 à Saint-Pétersbourg,
où il étudia la langue et l’histoire russes. Il y publia un travail intitulé Über die finnische Sprache und
ihre Litteratur (1821), qui, ainsi que l’ouvrage publié plus tard par l’orientaliste H. K el lgren, Die Grund-
züge der Finnischen Sprache (1847), avait pour but de donner aux étrangers un aperçu des particularités
de la langue finnoise. De 1824 à 1828 Sjögren voyagea aux frais de l’État finlandais 'parmi les populations
finnoises du nord et du nord-est de la Russie d’Europe; il rassembla sur 1 ethnographie, les langues,