ce titre il avoit des droits ; mais M, Soemmering
a pensé qu'une partie solide n’étoit point assez
mobile, ni assez promptement altérable pour admettre
les impressions des nerfs avec la rapidilé
que Ton observe en effet. Ayant remarqué en
outre que tous les nerfs paroissent aboutir média-
tement ou immédiatement aux parois des ventricules,
et que ces ventricules contiennent toujours
une certaine quantité d’humeur, il a prétendu que
c’est précisément cette humeur qui satisfait à toutes
les conditions du problème, et que c’est elle qui
doit être regardée comme le centre des sensations.
L ’anatomiste aura rempli sa tâche , lorsqu’il
aura conduit l’ébranlement nerveux. jusqu’à son
centre, et lorsqu'il sera venu à bout d’établir avec
certitude ce que nous n’avons avancé jusqu’ici
que comme des conjectures plus ou moins probables.
Comment, à l’instant même de ce changement
arrivé dans le système nerveux, se forme-t-il en
nous une idée, une image dont nous avons la
conscience ? comment ces idées s’accumulent-elles
dans notre mémoire? comment pouvons-nous les
reproduire par notre, imagination, les combiner
par notre jugement, en tirer des conclusions, en
abstraire les points communs? les effets de l’habitude
, ceux de l ’attention : ce sont - là les objets
que la métaphysique peut établir historiquement,
mais que la physiologie ne peut expliquer.
Cependant la physiologie nous montre qu’il y a
un certain ordre de mouvemens corporels qui correspond
exactement à ces mouvemens , à ces combinaisons
d’idées. Une méditation trop prolongée
produit dans le cerveau un sentiment de fatigue;
certains états maladifs changent l’ordre naturel
des idées, en suppriment ou en présentent sans
cesse d’un certain genre, les-brouillent, les confondent;
l’âge les affoiblit ; le vin, l’opium y produisent
des changemens fort considérales. D’autres
alimens ou d’autres remèdes y en produisent de
moindres, chacun selon son espèce et selon la
disposition du sujet. D’ailleurs l’imagination et la
volonté ont des effets physiques sur le corps, qui
semblent, pour ainsi dire, une répercussion des
effets que les changemens physiques du corps ont
sur elles.
Ces effets de la volonté et de l’imagination constituent,
deux autres ordres d’actions animales du
système nerveux. L ’ordre qui comprend les mouvemens
volontaires a déjà été exposé dans le premier
volume, en traitant de la fibre musculaire.
Nous y avons vu qu’il est certain que les nerfs
sont l’organe par lequel la volonté contracte les
muscles, et qu’il est probable que cette contraction
a lieu par un changement chimique que le
nerf occasionne dans la fibre ; mais la matière
qui produit ce changement est-elle la même que
celle qui nous donne des sensations , et est-elle
transmise par la même portion du nerf? Comment,