substances gazeuses et impalpables, dont la plupart
nous sont sans doute encore inconnues.
On ignore si les odeurs ont un véhicule particulier
, outre la matière de la chaleur qui
leur est commune à toutes, en leur qualité de
vapeurs ou de fluides élastiques.
On ignore à quoi tient leur agrément pour nous,
et pourquoi des odeurs qui nous paroissent abominables
semblent délecter certains animaux qui ne
-témoignent que de l’indifférence pour des odeurs
que nous trouvons délicieuses. Quoique 1 homme
et les animaux aiment en général l’odeur des
substances que la nature a destinées a nourrir chaque
espèce, ces odeurs leur déplaisent quand ils sont
repus, tandis qu’ils aiment, quelquefois meme avec
une espèce de fureur, celles de certaines choses
qui ne leur servent à rien du tout, comme le
nepeta pour les chats, etc. Les odeurs constamment
désagréables viennent, pour la plupart, de
choses qui pourroient être nuisibles : les plantes
vénéneuses , les chairs corrompues, les métaux
empoisonnés sentent généralement mauvais.
Quoi qu’il en soit de ces questions, 1 organe
de l’odorat est dans tous les animaux , chez lesquels
on l’a reconnu, une expansion de la peau devenue
très-fine , très-abondante en vaisseaux et
en nerfs, et humectée d’une viscosité abondante,
que viennent frapper l ’air ou l’eau imprégnés
des substances odorantes ; car il paroît que le
poisson sent dans l’eau comme les autres animaux
dans l’air; du moins les subtances odorantes qu’on
y jette pour lui servir d’appat 1 attirent de très-
loin, comme elles pourroient attirer des quadrupèdes
ou des oiseaux dans l’air ; mais nous ignorons
si les substances qui ne peuvent se dissoudre,
ni se répandre dans l ’a i r , et qui n’y ont nulle
odeur, mais qui se dissolvent dans l’eau, comme
le sel, par exemple , y exercent une action sur
l’organe de l ’odorat des poissons.
Dans tous les animaux à sang rouge, qui res--
pirent par des poumons, les organes de 1 odorat
sont placés sur le passage de l’a i r , de manière
à en être frappés lors de l’inspiration ; dans les
poissons, ils sont simplement au bout du museau,
et doivent être frappés par l’eau lorsque le poisson
nage en avant.
Nous ne connoissons point assez la nature de
la membrane olfactive, ni celle des nerfs qui s’y
distribuent, pour juger du degré et de 1 espèce
des sensations qu’elle procure aux divers animaux :
nous pouvons seulement présumer que , toutes
choses égales d’ailleurs , les animaux dans lesquels
elle a le plus d’étendue doivent jouir d’un sens
plus délicat, et l ’expérience confirme cette conjecture
: il seroit seulement curieux de connoître
pourquoi les , animaux qui ont l’odorat le plus
exalté sont précisément ceux qui se nourrissent
des choses les plus puantes, comme \e chien, par
exemple , qui vit de charognes. Peut-etre les ani
maux carnassiers ont-ils en général 1 odorat plus
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