îoo IX e Leçon. D u cerv. des an. vertébrés.
corps et à la transmettre aux nerfs qui la propagent
plus loin.
Elles nous montrent de plus que cette propagation
n’est pas due à quelque substance ou à quelque
ébranlement que les corps extérieurs pourroient
seuls communiquer, mais à un changement d’état
qui peut naître de causes internes.
Ce changement peut aussi être produit par des
causes externes toutes différentes de celles qui l’occasionnent
ordinairement. Un coup sur l’oeil, le contact
des deux métaux différens, dont on place l’un sous la
lèvre supérieure, l ’autre sous la langue, nous font
voir un éclair, tout comme si la lumière avoit
vraiment frappé notre oeil. Cela ne peut s’être
fait qu’en établissant dans le nerf optique un changement
semblable à celui que produit la lumière.
D’autres phénomènes fournissent quelques notions
de plus sur la nature d e . ce changement
d’état. Il semble , par exemple, que la faculté de
sentir se consomme ou s’épuise, non seulement
en général dans un corps fatigué de sensations
trop vives et trop soutenues, mais aussi dans chaque
organe en particulier. Des sensations foibles ne
se font presque pas appereevoir lorsqu’elles succèdent
à des sensations beaucoup plus fortes. La
même sensation s’affoiblit par la durée, quoique
les corps extérieurs qui la causent restent les
mêmes. Par exemple, si après avoir regardé fixement
le ciel lors du crépuscule, dans un point où
quelque corps obscur se projette sur le fond bleu,
on détourne la vue sur une autre partie du c ie l,
on verra toujours la ligure de ce corps obscur;
mais elle sera plus éclairée que le reste du ciel.
C’est que la partie de la rpline sur laquelle l ’ombre
tomboit, sent plus vivement la lumière que le
reste de cette membrane , qui étoit déjà exposé
à la lumière lorsque cette partie-là se reposoit.
C’est la raison contraire qui fait que les yeux qui
ont lixé un corps très - lumineux voient pendant
quelque temps une tache obscure de même contour
que ce corps, qui les suit par - tout où ils se
portent.
Les autres sens présentent des exemples pareils,
mais un peu moins évidens, parce qu’on a l ’avantage
de comparer ici deux parties d’un même
organe également frappées, mais dont l ’une l’est
depuis plus long-temps que l ’autre.
Cette expérience montre que les nerfs ne servent
pas simplement d’une manière passive dans
les sensations ; qu’ils ne sont pas seulement les
conducteurs d’une matière fournie par les corps
extérieurs , ni même les réservoirs d’une matière
qui ne seroit qu’ébranlée par ces corps, mais que
la substance qui produit les sensations est sujette
à se consommer ou à perdre de son activité par
l’usage.
Il y a des phénomènes qui montrent que la
susceptibilité générale des nerfs pour les sensations
peut varier par des causes extérieures aux nerfs
eux - mêmes, qui ne peuvent guères agir qu’en