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 corps  et  à  la  transmettre  aux  nerfs  qui  la  propagent  
 plus  loin. 
 Elles  nous  montrent  de  plus  que  cette  propagation  
 n’est pas due à  quelque  substance ou à  quelque  
 ébranlement  que  les  corps  extérieurs  pourroient  
 seuls  communiquer,  mais à  un  changement  d’état  
 qui  peut  naître  de  causes  internes. 
 Ce  changement  peut  aussi  être  produit  par  des  
 causes externes toutes différentes de celles qui l’occasionnent  
 ordinairement. Un coup sur l’oeil, le contact  
 des deux métaux différens,  dont on place l’un sous la  
 lèvre  supérieure,  l ’autre  sous  la  langue, nous  font  
 voir  un  éclair,  tout  comme  si  la  lumière  avoit  
 vraiment  frappé  notre  oeil.  Cela  ne  peut  s’être  
 fait qu’en  établissant dans  le nerf optique un  changement  
 semblable à  celui que produit  la  lumière. 
 D’autres  phénomènes  fournissent  quelques  notions  
 de  plus  sur  la  nature  d e . ce  changement  
 d’état.  Il  semble , par  exemple,  que  la  faculté  de  
 sentir  se  consomme  ou  s’épuise,  non  seulement  
 en  général  dans  un  corps  fatigué  de  sensations  
 trop vives et trop soutenues, mais aussi dans chaque  
 organe  en  particulier.  Des  sensations  foibles  ne  
 se  font  presque  pas  appereevoir  lorsqu’elles  succèdent  
 à  des  sensations  beaucoup  plus  fortes.  La  
 même  sensation  s’affoiblit  par  la  durée,  quoique  
 les  corps  extérieurs  qui  la  causent  restent  les  
 mêmes.  Par  exemple,  si après  avoir  regardé  fixement  
 le  ciel  lors  du  crépuscule,  dans  un  point  où  
 quelque  corps  obscur  se  projette  sur le  fond  bleu, 
 on  détourne  la  vue  sur  une  autre  partie  du  c ie l,  
 on  verra  toujours  la  ligure  de  ce  corps  obscur;  
 mais  elle  sera  plus  éclairée  que  le  reste  du  ciel.  
 C’est  que la partie  de  la  rpline sur laquelle l ’ombre  
 tomboit,  sent  plus  vivement  la  lumière  que  le  
 reste  de  cette  membrane  ,  qui  étoit  déjà  exposé  
 à  la  lumière  lorsque  cette  partie-là  se  reposoit.  
 C’est  la  raison  contraire  qui  fait  que  les  yeux  qui  
 ont  lixé  un  corps  très  - lumineux  voient  pendant  
 quelque  temps  une tache  obscure de même contour  
 que  ce  corps,  qui  les  suit  par  - tout  où  ils  se  
 portent. 
 Les  autres sens présentent  des  exemples pareils,  
 mais  un  peu  moins  évidens,  parce  qu’on  a  l ’avantage  
 de  comparer  ici  deux  parties  d’un  même  
 organe  également  frappées,  mais  dont  l ’une  l’est  
 depuis  plus  long-temps  que  l ’autre. 
 Cette  expérience  montre  que  les  nerfs  ne  servent  
 pas  simplement  d’une  manière  passive  dans  
 les  sensations ;  qu’ils  ne  sont  pas  seulement  les  
 conducteurs  d’une  matière  fournie  par  les  corps  
 extérieurs ,  ni  même  les  réservoirs  d’une  matière  
 qui ne  seroit  qu’ébranlée  par  ces  corps, mais  que  
 la  substance  qui  produit  les  sensations  est  sujette  
 à  se  consommer  ou  à  perdre  de  son  activité  par  
 l’usage. 
 Il  y   a  des  phénomènes  qui  montrent  que  la  
 susceptibilité  générale des nerfs  pour les  sensations  
 peut  varier  par  des  causes  extérieures  aux  nerfs  
 eux - mêmes,  qui  ne  peuvent  guères  agir  qu’en