au travers de laquelle on apperçoit sa couleur,
qui varie singulièrement selon les espèces. L ’homme
et les singes l ’ont brune, ou noirâtre; les lièvres,
les lapins, les cochons, d’un brun de chocolat ; mais
les carnassiers, les ruminans, les pachydermes,
les solipèdes et les cétacés ont des couleurs vives
et brillantes à cette partie. Le boeuf l’a d’un beau
vert doré , changeant en bleu céleste ; le cheval,
le bouc y le bubale, le c e rf, d’un bleu argenté,
changeant en violet; le mouton, d’un vert doré
pâle , quelquefois bleuâtre ; le lio n , le chat,
Tours, le dauphin, l’ont d’un jaune doré pâle;
le chien, le loup et le blaireau , d’un blanc
pur , bordé de bleu. On nomme cette partie colorée
de la ruischienne le tapis. Elle n’occupe
pas tout le fond de l’oeil, mais seulement un côté,
celui dans lequel le nerf optique ne perce point.
Il est difficile de soupçonner l’usage d'une tache
si éclatante dans un lieu si peu visible. Monro,
et d’autres avant lui , ont cru que le tapis du
boeuf est v e r t, pour lui représenter plus vivement
la couleur de son aliment naturel ; mais
cette explication ne convient pas aux autres espèces.
Les oiseaux et les poissons n’ont aucun tapis.
Leur ruischienne est uniformément noirâtre et
enduite par-tout de mucosité : il y en a même
beaucoup plus sur son fond qu’ailleurs dans les
poissons. L a raie fait une exception apparente à
cette règle ; elle a le fond de l ’oeil d’une belle
couleur d’argent, produite par la transparence
de sa ruischienne, qui laisse voir la couleur de sa
choroïde.
4°. De la glande choroïdienne des poissons.
La ruischienne et la choroïde des poissons
forment deux membranes bien distinctes, et faciles
à séparer. L a ruischienne est noire et composée
d’un lacis d’innombrables vaisseaux; la choroïde
est, ou blanche, ou argentée, ou dorée, très-mince
et peu vasculeuse.
Entre ces deux membranes est un corps, quq
les uns ont nommé- glande ; les autres muscle ,
et qui mérite, d’être décrit! Sa couleur est pour
l’ordinaire d’un rouge vif ; sa substance est molle
et plutôt glanduleuse que musculeuse , du moins
n’y distingue-t-on point de fibres, quoique des vaisseaux
sanguins forment des lignes plus foncées et
presque parallèles à sa surface. Sa forme est ordinairement
celle d’un cylindre mince , qu’on auroit
contourné autour du nerf optique, comme un anneau-
l’annèau n’est cependant pas complet : il en manque
toujours un segment plus ou moins long. Quelquefois,
comme dans le perça la b ra x , il est composé
de deux pièces, une de chaque côté du nerf
optique ; d’autrefois, il n’est pas roulé en cercle ;
mais sa courbure est irrégulière : c’est ce qui a
Heu dans le saumon, dans le poisson-lune (te-
traodonanola ) et dans la morue; mais les carpes
etla plupart des autres poissons l ’ont d’une figure
très-approchante du cercle.
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