degré. Les singes ont, à la vérité, la main orga^
nisée comme celle de l’homme ; mais, comme
nous l’ayons dit en traitant des muscles, tome \)
pag. 520 et suiv. , ils ne peuvent mouvoir les
doigts séparément, puisqu’il n’y a ni extenseur,
ni fléchisseur propre. En outre, le pouce est plus
court et ne peut être opposé aussi aisément aux
autres doigts : or c’est dans cette opposition des
doigts que réside la faculté de saisir les objets
les plus minces, et de distinguer leurs plus petites
éminences. Au reste, si la main des singes
est moins parfaite sous ce rapport , ils ont plus
d’avantage dans l ’organisation de leurs pieds,
dont les doigts sont beaucoup plus longs et plus
mobiles.
Dans l’homme et dans le plus grand nombre
des quadrumanes, les doigts sont minces, arrondis,
couverts par une peau serrée, sur laquelle les
papilles nerveuses sont en grand nombre, et disposées
d’une manière très - régulière. Leur extrémité
n’est recouverte d’un ongle qu’en dessus. Cet
ongle est plat ou sémi-cylindrique. Les sagouins
seuls ( sijnia rosalia, jacchus, etc. , Lin. ) ont
l’extrémité du doigt enfermée dans un ongle corné
Ct pointu comme celui des carnassiers.
Les chéiroptères n’ont point les doigts de la
main susceptibles de saisir, les corps solides, puisqu’ils
sont tous renfermés entre deux fines membranes
: aussi n’ont-ils pas, à un haut degré, cette
partie du gens du toucher qui se rapporte aux
formes de ces corps; mais, en revanche, la grande
étendue que ces membranes présentent à l’air les
rend si propres à en reconnoître la résistance,
les mouvemens et la température, qu’on s’est cru
obligé de supposer un sixième sens à ces animaux.
Spallanzani avoit obser-vé que des chauve-souris
aveugles, et abandonnées à elles-mêmes, s’envo-
loient malgré cette cécité , enfiloient les souter-
reins sans se heurter contre les murs; que même
elles y tournoient exactement ,• selon que l ’exi-
geoient les inflexions les plus compliquées ; qu’elles
discernoient les trous dans lesquels étoient leurs
nids, et savoient éviter les cordages, les filets et
les autres obstacles que l’on avoit mis sur leur
passage.
Il chercha alors a déterminer par quel sens
étoient dirigés ces animaux.
Ce n’étoit pas la vue , puisqu’on les avoit privées
de cet organe ; ce n’étoit pas l’ouïe, car on avoit
de plus bouché très - exactement les oreilles à
quelques individus ; ce n’étoit pas l’odorat, puisque
dans d’autres on avoit ajouté la' précaution de leur
obstruer exactement l’ouverture des narines.
Il en conclut que le s. chauve - souris ont un
sixième sens, dont nous n’avons aucune idée. Le
citoyen Jurine a fait d’autres expériences, qui
tendent à prouver que c’est, par l’ouïe qu’elles
se dirigent; mais il nous paroît que les operations
qu’il a fait subir aux individus qu’il a privés de
la faculté de se diriger, ont été trop cruelles, et
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