676 X V e L eçon. IIe Section. D u goût.
aussi avoir quelque sensation des odeurs à Fentréè
de leurs poumons ; mais au fond il n’est pas besoin
de leur chercher d’organe particulier pour ce sens,
puisque leur peau toute entière paroit ressembler
à une membrane pituitaire ; ayant la même mollesse,
la même fongosité, étant toujours abreuvée
par une mucosité abondante ; jouissant enfin de
nerfs nombreux qui en animent tous les points.
Les vers et les zoophytes mous, comme^ tous les
polypes, sont probablement dans le même cas.
On ne peut pas douter que tous ces animaux ne
jouissent du sens ; c’est principalement par lui
qu’ils reconnoissent leur nourriture, sur-tout les
espèces qui n’ont point d’yeux. Aristote a déjà
remarqué que certaines herbes d’une odeur forte
font fuir les seiches et les poulpes.
D E U X I È M E S E C T I O N .
D e s organes du goût.
A R T I C L E P R E M I E R .
De la sensation du goût.
A pr è s ce que nous avons dit des quatre sens
précédens, il nous reste tr è s -p e u d’observations
à faire sur celui du g o û t, qui est de tous celui
qui s’éloigne le moins du toucher.
Les organes de ces deux sens sont même si
semblables, qu’ils servent à s’expliquer mutuellement,
et que l’on a eu recours à celui du goût
pour se faire une idée des parties qui ne sont
pas suffisamment développées pour nos yeux dans
celui do toucher.
Ce qui paroît caractériser spécialement l’organe
du goût, c’ est'son tissu spongieux, qui lui permet
de s’imbiber des substances liquides : aussi la langue
ne peut-elle goûter que les substances liquides ,
ou susceptibles de le devenir lorsqu’elles se dissolvent
dans la salive. Les corps insolubles n’ont
aucune saveur ; ceux même qui sont le plus sapides,
ne font aucune impression sur la langue lorsqu’elle
est sèche, soit par maladie, soit parce que la
salive, consommée par des mastications précédentes,
n’a pas eu le temps de se renouveller.
L a nature a richement pourvu à ce besoin d’une
humidité continuelle. Dans tous les animaux qui
ne vivent pas dans l’eau, les glandes nombreuses
versent d’abondantes humeurs dans la bouche,
ainsi que nous le verrons en traitant de la mastication;
l ’absence de toute salive , la sécheresse
absolue de la langue qst un des plus cruels tour-
mens que l ’on puisse endurer.
Les corps semblent avoir d’autant plus de saveur
qu’ils sont plus solubles : les sels sont de tous,
ceux qui l ’ont au plus haut degré ; mais on sent
aisément qu’il est impossible de rendre raison
des diverses espèces de saveurs attachées à chaque
corps, b et que les explications fondées sur les
Y v 3