6 l 2 X IV e L e ç o n . D u toucher.
génie. Ici nous allons nous occuper des cornes à
chevilles osseuses qui prennent de l ’accroissement
par leur base,'et qui par leur nature ont beaucoup
de rapport avec les téguinens.
Au troisième mois de la conception , lorsque le
foetus de la vache est encore contenu dans les
enveloppes , l’os frontal cartilagineux ne présente
aucun indice des cornes qu’il doit porter par la
suite ; vers le septième mois , l’os devenu en partie
osseux présente dans ses deux portions un petit
tubercule , qui paroît produit par le soulèvement
des lames osseuses ; bientôt après , ces tumeurs osseuses
se manifestent au-dehors : elles soulèvent la
peau qui devient même calleuse en cet endroit: plus
la tumeur va croissant , plus l,a callosité durcit;
elle devient ‘enfin cornée en s’alongeant 5 c’est
une sorte de gaine ,' qui recouvre extérieurement
le prolongement osseux de l’os frontal. Entre cette
gaine et l’os sont des ramifications nombreuses de
vaisseaux sanguins destinés à la nourriture de la
partie osseuse.
Les cornes ne sont donc que des gaines d’une
substance solide , dure , élastique et insensible ,
qui protègent le prolongement osseux de l’os du
front. Ces gaines sont en général de figure conique,
plus large par leur base , extrémité par
laquelle elles prennent leur accroissement. Elles
ont différentes courbures suivant les especes. Les
naturalistes les ont fait connoître. Elles présentent
aussi différentes cannelures ou sillons transverses
A r t . VII. Des parties insensibles. 6i 5
qui dépendent de l’âge de l’animal, et qui le dénotent
d’une manière certaine, suivant les espèces.
La texture des cornes paroît avoir beaucoup
de rapport dans les genres chèvre , brebis , antilope
et boeuf ; ce sont des fibres d’une substance
analogue a celle des poils qui paroissent aglutinés
d’une manière très-solide. Dans les deux premiers
genres;ces fibres sont courtes et se recouvrent par
lits superposés comme les tuiles d’un toit. Dans les
deux autres elles sont plus longues , plus serrées ,
et forment des cornets plus alongés, enchâssés les
uns dans les autres.
Les rhinocéros ont des cornes qui paroissent
s’éloigner un peu de celles des ruminans; car elles
n’ont pas de chevilles osseuses , et ne sont pas
situées sur les os frontaux , mais sur ceux du nez.
Cependant ces prolongemens sont formés de la
même substance. On reconnoît même plus distinctement
dans celles-ci les fibres analogues aux poils
dont elles paroissent composées. En effet la base
de ces cornes présente à l’extérieur une infinité
de poils roides qui semblent se séparer de la masse,
et qui rendent cette surface rude au toucher comme
une brosse. Quand on scie cette corne transversalement
et qu’on l’examine à la loupe , on distingue
une infinité de pores qui semblent; indiquer les
intervalles qui résultent de la réunion des poils
aglutinés. Si c’est sur sa longueur que la corne
est divisée; des sillons nombreux , longitudinaux
et parallèles, démontrent encore celte structura.
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