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De l ’oeil des insectes et des crustacés.
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C e que nous avons à dire concerne principalement
les y eu x composés ; car les y e u x simples
sont trop petits pour être disséqués.
La structure de l’oeil des insectes est si différente
de ce qu’on observe dans celui des autres
animaux, et même des mollusques, que l’on auroit
peine à croire qu’il pût être un organe de la
vue, si des expériences faites à dessein ne l’avoient
démontré. En effet, si on coupe, ou si on couvre
avec quelque matière opaque les yeux de la
demoiselle , elle va se heurter contre les murs;
*i on couvre les yeux composés de la. guêpe,
elle s’élève droit en l’a ir , et monte à perte de
vuej si on couvre aussi ses yeux simples, elle
reste immobile, et ne peut plus être déterminée
à prendre son vol.
L a surface de l ’oeil composé présente au microscope
une multitude innombrable de facettes hexagones,
légèrement convexes et séparées les unes
des autres par de petits sillons, dans lesquels sont
tres'-souvent des poils fins et plus ou moins longs.
Ces facettes forment toutes ensemble une membrane
dure et élastique, qui, lorsqu’on l’a débarrassée
des substances qui lui adhèrent par derrière,
est fort transparente.
Chacune des petites facettes peut être considérée
ou comme une cornée, ou comme un cristallin;
car elle est convexe en dehors, concave en dedans,
mais cependant plus épaisse au milieu qu’aux bords,
et c’est la seule partie transparente qui se trouve
dans ce singulier oeil.
Immédiatement derrière cette membrane transparente
est un enduit opaque, qui varie beaucoup
en couleur selon les espèces, et qui forme même
quelquefois dans un seul ef même oeil des taches
ou des bandes de couleur différente. Sa consistance
est la même que celle du vernis dé la choroïde;
il bouche entièrement le derrière des facettes sans
laisser aucune ouverture pour le passage de la
lumière.
Derrière ce vernis se trouvent des filets blanchâtres,
très-courts, en forme de prismes hexagones
, serrés les uns contre les autres comme
les carreaux d’un pavé, et précisément en même
nombre que les facettes de la cornée. Ils pénètrent
chacun dans le creux d’une de ces facettes
et n’en sont séparés que par le vernis dont j ’ai
parlé plus haut. S’ils sont de mature nerveuse,
comme j ’ai lieu de le croire, on pourroit considérer
chacun d’eux comme la rétine d’une des
facettes; mais on aura toujours à expliquer comment
la lumière peut agir sur une semblable rétine au
travers d’un vernis opaque.
Derrière cette multitude de filets perpendiculaires
a la cornee, est une membrane qui leur sert à