D O U Z I È M E L E ÇON.
De Vorgane de la vue, ou de l’oeilt
A R T I C L E P R E M I E R .
Idée générale de la vision.
L a vu a nous fait distinguer la quantité, la couleur
et la direction des rayons lumineux qui viennent
frapper notre oeil. C’est par la différence des couleurs
qu’elle nous fait reconnoître les limites des
corps en hauteur et en largeur ; et c’est par la
différence dans l’intensité de la lumière, qu’elle nous
en fait reconnoître les profondeurs et les inégalités,
lorsque nous l’aidons de l’expérience acquise
par le sens du toucher ; enfin , c’est par la direction
des rayons qu’elle nous fait juger de la ligne
dans laquelle ces corps sont situés. Quant à la
distance réelle, la vue seule ne pourroit nous la faire
connoître immédiatement. Il faut qu’elle soit encore
ici aidée de l’expérience acquise par le toucher,
et que nous jugions cette distance d’après la grandeur
et le degré de lumière connus des objets
comparés à leur grandeur et à leurs degrés de
lumière apparens.
La vue ne nous faisant connoître immédiatement
! que les quantités, qualités et inquVemens des rayons
t à l’instant même où ils frappent l’oeil, nous sommes
sujets à errer, lorsque nous voulons en tirer des.
conclusions relatives aux corps mêmes qui nous
envoient ces rayons. Ainsi des rayons réfléchis^
par un miroir nous font voir des corps dans une
direction où il n’y en a point ; des rayons brisés par
;des verres changent à nos yeux la grandeur apparente
des corps dont ils viennent. Lorsque nous,
ne eonnoissons pas la vraie grandeur d’un corps,
nous nous trompons sur sa distance , et vice
( versa. Un corps très-éçlairé nous paroît plus voisin
lorsque, ceux qui sont entre nous et lui sont dans
l’ombre, etc. etc.
Lès rayons ne se font sentir à nous qu’autant
qu’ils frappent une membrane nerveuse de l’oeil ,
nommée rétine ; et ils ne nous procurent une
| sensation conforme au corps d’où ils viennent,
qu’autant qu’ils tombent sur la rétine précisément
dans l’ordre selon lequel ils sont partis de
ce corps. Pour cet effet, il faut que tous les rayons
qui viennent d’un des points de ce corps se rassemblent
en un point de la rétine , et que tous
ces points de réunion soient disposés comme il:s
le sont dans le corps dont ils forment l ’image.
Cette nécessité est une chose de simple expérience;
car il est aisé de concevoir que nous ne
eonnoissons pas plus la nature intime de la vue
que celle de ,tQus les autres sens, et que -nous ne