altérant leur substance. Certains remèdes affoiblis-
sent ou raniment cette susceptibilité : une inflammation
l ’exalte souvent à un point excessif : est-ce
en augmentant la sécrétion de cette matière nerveuse
? Le changement le plus remarquable qui
arrive dans cette susceptibilité, c’est le sommeil.
On est porté à penser qu’il est dû à l’épuisement
momentané de la substance essentiellement sensitive.
Mais comment dépend - il jusqu’à un certain
point de la volonté ? et comment les réveils arrivent-
ils subitement, ou par des causes qui ne paroissent
point propres à faire renaître cette substance ?
Pourquoi le froid produit-il le sommeil ? Cet état
ne seroit-il pas plutôt , d’après ces observations,
un changement dans la nature chimique de la
substance nerveuse? ,
Au reste, qu’une substance quelconque , contenue
dans les nerfs, soit consommée par les sensations
, ou qu’elle reçoive seulement quelque
altération dans son mélange chimique, et soit, pour
ainsi dire, neutralisée, il faut toujours qu’elle soit
retenue dans le nerf tout le long de son cours,
sans pouvoir en sortir qu’à ses deux extrémités.
Elle n’y est pas retenue, elle ne s’y meut pas
comméde sang dans les vaisseaux. Rien ne prouve
que les nerfs soient tubuleux ; aucun phénomène
n’indique qu’ils se vuidçnt lorsqu’ils sont coupes :
d’ailleurs, quels vaisseaux auroient des parois assez
compactes pour retenir un fluide aussi subtil que
doit l’être celui-là? Il est bien plus vraisemblable
qu’elle est retenue dans les nerfs, comme la matière
électrique l’est dans les corps électriques par
communication et isolés ; et que le système nerveux
est son seul conducteur, tandis que toutes les autres
parties du corps animal sont pour elle des corps
cohibans.
De quelque manière que se transmette l’action
reçue , il faut, du moins dans les animaux très-
élevés, qu’elle se propage jusqu’au cerveau; mais
quelle est la partie du cerveau qui est particulièrement
destinée à en recevoir l’impression ?
On a perdu dans des blessures de grandes portions
de ce viscère, sans éprouver d’affoiblisse-
ment dans la faculté sensitive. Lorsque les blessures
ont pénétré plus avant, elles ont causé des
douleurs et des convulsions qui altéroienf trop
le résultat de l’expérience ; ces moyens ne sont
donc pas propres à résoudre la question. On a
cherché à établir des conjectures fondées sur la
structure des parties; on a cru que ce sensorium
commun devoit se trouver dans quelque partie
centrale , à laquelle on pourroit supposer que
tous les nerfs aboutissent. Les uns ont choisi la
glande pinéale; d’autres le corps calleux : mais
ce dernier ne se trouve que dans les mammifères
, la glande pinéale que dans les animaux à
sang rouge ; encore n’est-elle pas très-visible dans
tous, les poissons. Le cervelet est la seule partie
de l’encéphale qui existe constamment dans tous
les animaux qui ont un système nerveux visible : à