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qu’elles ont plus fait que de les empecher d’entendre.
Il'nous semble qu’il suffit de leur organe
du toucher pour expliquer tous les phénomènes
que les chauve-souris présentent.
En effet, les os du métacarpe et les phalanges
des quatre doigts qui suivent le pouce, sont excessivement
alongés. L a membrane qui les unit présente
à l’air une énorme surface. Les nerfs qui
s’y distribuent sont nombreux et très-divisés 5 ils
forment un réseau admirable par sa finesse et le
nombre de ses anastomoses. Il est probable que,
dans l ’action du vol, l ’air, frappé par l’aile ou
par cette main si sensible, imprime à cet organe
une sensation de chaleur, de froid, de mobilité,
de résistance , qui indique à l ’animal les obstacles
et la facilité qu’ il rencontre dans sa route. C’est
ainsi que les hommes aveugles discernent avec
les mains, et même par le visage, l’approche
d’un mur, d’une porte de maison, d’une rue,
avant de les toucher , et par la seule sensation du
choc différent de l ’air.
Le pouce et les doigts des pattes postérieures,
dans les chauve-souris , sont semblables par leur
disposition à ceux des autres carnassiers.
Dans les plantigrades, dont les doigts sont très-
courts et peu mobiles, le plus généralement au
nombre de cinq , la sensation du toucher doit
cependant être un peu plus parfaite que dans les
carnivores car la plante entière de leurs pieds
est privée de poils : et comme le contact avec les
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corps qu’ils touchent est plus immédiat, la sensation
doit être plus vive, mieux perçue.
La taupe a les mains extrêmement élargies ,
et tous les doigts réunis jusqu’à l ’ongle.
Les pédimanes viennent naturellement après les
plantigrades par la perfection présumée du toucher,
puisque leur gros orteil est écarté des autres doigts :
ce qui fait de leur pied de derrière une espèce
de main. Ce doigt est proportionnellement fort
gros, alongé , très - mobile , privé entièrement
d’ongle , et élargi à son extrémité libre.
Uorang roux, ou vrai orang - outang , est
avec ces pédimanes le seul animal à pouce de derrière
séparé , qui n’y ait point d’ongle.
Les carnivores, qui ne marchent que sur l’extrémité
des doigts qui sont courts et tous dirigés
dans le même sens, sont par là même beaucoup
moins favorisés quant au sens du toucher: ce
dont ils sont en général compensés par celui de
l’odorat. Le plus grand nombre ont la dernière
phalange enfermée dans un ongle tranchant. Dans
îe genre des chats et des civettes, cette phalange
se recourbe en arrière et ne sert plus du tout au
toucher pendant tout le temps que l ’animal marche.
Parmi les rongeurs, les lièvres, les écureuils
et les rats , qui marchent sur les quatre pattes,
mais sur l’extrémité des doigts, dont les dernières
phalanges seules sont séparées les unes
des autres, ont un ongle alongé, conique, qui
enveloppe toute la partie du doigt qui est libre.
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