68a X V e L eçon. IIe Section. B u goût.
avoir de langue du tout. Peut-être le sens du goût
est-il exercé par ces tentacules si semblables a
des papilles , qui garnissent leurs manteaux aux '
endroits par lesquels y pénètre l’eau qui est le
véhicule de leurs alimens ?
Il n’y a point non plus de langue proprement dite
dans les v e r s , quoique quelques-uns aient donné
ce nom à la trompe du thalasseme , de 1 echi-
norhinque , etc. Les zoophytes n’ont point non
plus de' langue 5 mais les tentacules souvent si déliés
, et d’une substance si délicate , qui entourent
leurs bouches j paroissent très-propres à être
le siège du goût; pourquoi d’ailleurs la peau entière
des polypes ne seroit-elle pas assez sensible
pour palper les parties salines dissoutes dans
l ’eau , puisqu’elle palpe bien la lumière qui la
traverse?
L a nombreuse classe des insectes présente de
grandes variétés à l’égard des organes du goût.
Les coléoptères et les orthoptères ont la partie
que l’on a nommée peut-être sans trop d’analogie,
lèvre inférieure, cornée a sa base, et terminée
à sa pointe par une expansion membraneuse
qu’on a nommée en particulier la langue, et dont
la forme varie presque à l’infini dans les divers
genres, ainsi qu’on peut le voir dans les ouvrages des
nouveaux entomologistes. Le pharynx s’ouvre sur
la base de cette langue. Les hyménoptères et quelques
névroptères ont la leur placée au meme txir
droit, mais concave et percée pour le pharynx
en dessous , et se prolongeant souvent en une
trompe qui surpasse quelquefois la longueur du
corps. Cette trompe conserve encore le nom de
langue ; elle est aussi membraneuse , mais on voit
que sa substance est molle et fongueuse , et qu’elle
est très-propre à recevoir les impressions du goût.
Aussi remarque-t-on que les insectes où elle est
le plus développée , sont ceux qui mettent le plus
de choix dans leurs alimens. Les abeilles en sont
la preuve.
Tous les diptères à trompe charnue, comme les
mouches , les taons , etc. semblent encore avoir
un excellent organe de goût 3 les deux lèvres de
cette trompe ayant , indépendamment de leur
substance molle et de leurs tégumens déliés ,
la faculté d’embrasser par plusieurs points les
corps sapides.
Les lépidoptères , ou papillons , ont une langue
tubulée , de deux pièces exactement jointes ,
et le plus souvent très-longue , qui doit bien savourer
les liqueurs qu’elle hume, si tout son canal
est sensible à ces sortes d’impressions. On peut
en dire autant du suçoir des ryligotes ou hémiptères,
et de celui des diptères qui n’ont point
de langue charnue, comme les asiles , les sto~
moxes , les cousins ; on ne peut cependant juger
de la perfection de chacun de ces in-strumens par
leur seule étendue proportionnelle. Ilfaudroit pouvoir
tenir compte de leur sensibilité propre, que