lorsqu’on regarde des objets très-rapprochés, que
les rayons les plus voisins de l ’axe, et par conséquent
les moins divergpns. Nous verrons dans
la suite les moyens par lesquels on suppose que
ces changémens s’opèrent. -Aucun de ces moyens
ne résout pleinement le problème. Peut-être que
les limites de la vision distincte sont beaucoup plus
resserrées qu’on ne Croit, et que dans beaucoup
de cas elle ne paroît telle que parce qu’elle est
aidée du souvenir que l’on a de l’objet.
Au devant du cristallin est ordinairement une
humeur, nommée aqueuse , égale en densité à
l’eau pure ; et derrière lui en est toujours une
autre beaucoup plus abondante et un peu plus
dense, nommée vitrée. L ’aqueuse ne manque'qu’à
quelques animaux qui vivent toujours dans l’eau.
On suppose que la réunion de ces trois corps de
densité différente doit produire lé même effet que
celle des trois verres dont on compose les objectifs
des lunettes achromatiques : c’est-à-dire qu’elle doit
corriger la différence de réfrangibilité des rayons.
J§n effet ces rayons sont ordinairement composés :
les blancs le sont de sept rayons simples ; et comme
ils ne se brisent pas sous le même angle, les images
formées sur la rétine seroient bordées d’un iris,
comme celles que produisent les lunettes ordinaires,
si cette disposition des trois humeurs n’existoit pas.
Cependant l ’oeil est encore sujet à voir ce que
l’on nomme des couleurs accidentelles. Lorsque
Ja rétine a été trop fatiguée par certaines couleurs,
elle leur est moins sensible ; et si on jette la vue sur
une des couleurs composées dont celles-là font partie,
la composée nous paroît comme elle seroit si celle
dont on est fatigué n’y entroit point.
Ainsi, lorsqu’on a fixé uns tache blanche, et
qu’on porte la vue sur des corps blancs, on y
voit une tache obscure de même contour que celle
qu’on a fixée; si la tache qu’on a fixée étoit noire,
c’étoit un repos, et l’oeil voit par tout une tache plus
claire; si la tache étoit rouge, on en voit sur le blanc
une verdâtre; si elle étoit jaune, on en voit une
bleuâtre; une rougeâtre, si elle étoit verte, etc., etc.
Il ne faut pas oublier que l’humeur aqueuse a
aussi une grande influence sur la réfraction des
rayons par sa convexité, sur-tout dans les animaux
qui vivent dans l’air. C’est probablement cette convexité
jointe à celle que prend le vitré , qui supplée
à l’action du cristallin dans les yeux que l’on a opérés
de la cataracte, c’est à-dire dont le cristallin devenu
opaque a été enlevé.
Beaucoup d’animaux ne peuvent voir le même
objet que d’un seul oeil à la fois ; l ’homme n’en
emploie non plus qu’un, lorsqu’il veut voir très-
distinctement : pour la vision ordinaire , tant que
les images tombent sur les places correspondantes
des deux rétines, et que les deux yeux sont à
peu près égaux, nous ne distinguons point ces
images, et nous voyons les objets simples ; mais
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