696 X V e L eçon. I I e Section. D u goût.
A R T I C L E I Y.
D e la distribution des ne7'f s dans Vintérieur
de la langue.
L e sens du goût diffère de ceux de la vue ,
de l’ouïe , et de l’odorat, et ressemble à celui
du toucher , en ce qu’il n’y a point de paire
de nerfs qui y soit employée dans son entier. La
langue reçoit des branches de trois paires differentes
dans les animaux à sang chaud , et de deux
seulement ( à ce qu’il nous a paru ) dans les poissons
; mais elles ne sont pas toutes employées à
la sensation. Celles qui viennent du grand hypoglosse
et du glosso-pharyngien ne paroissent se
distribuer qu’aux muscles et aux glandes , ainsi
que nous l’avons vu, pages 238 et a4i ; du moins
les filets du glosso-pharyngien, que l’on a vu aller
aux papilles à ealyce, ne sont-ils pas pour sur
destinés au sens du goût, puisque nous ignorons
si ces papilles en jouissent : et les filets du même
nerf qu’on a cru voir aboutir à d’autres papilles,
paroissent avoir été peu considérables.
C’est le n e r f trifacial ou de la cinquième paire
qui donne des branches à tous les organes des
sens, qui paroît seul recevoir les impressions de
celui du goût, par le rameau lin gu a l du maxillaire
inférieur, décrit page 212 et suivantes ; car
c’est le seul qui se distribue aux tegumens, dans
Ar t . IV. Nerfs de la langue. 697
lesquels il est évident que la sensation a lieu , et
c’est le seul dont la ligature , la section, ou la
compression cause l’anéantissement du sens.
Telle est du moins l’opinion reçue aujourd’hui
par les physiologistes : il nous semble cependant
que les anastomoses de la cinquième et de la
neuvième paires sont si nombreuses dans toute l’étendue
de la langue, qu’il est difficile de dire
laquelle a le plus de part à la formation des
filets qui vont aux papilles. Ce sont les papilles
fungiformes qui reçoivent tous ceux de ces filets
qui sont assez gros pour être suivis à l’oeil nud ;
et cette circonstance , jointe à celle de la dureté
qu’ont les papilles coniques dans certains animaux
, nous porte à croire que les fungiformes
sont le siège principal du goût.
On suit plus aisément les filets qui vont aux papilles
du dessous du bout de la langue, que ceux
qui vont à la face supérieure , parce que les principales
branches rampant à la face inférieure ,
les filets qui vont à l’autre face disparoissent aisément
par leur ténuité , au travers de l ’épaisseur
des chairs qu’ils sont forcés de traverser. Ces filets
montent parallèlement entre eux, ils arrivent très-
perpendiculairement à la surface où ils aboutissent.
L a distribution des nerfs de la langue , ne présente
aucune différence essentielle dans les trois
autres classes d’animaux vertébrés.
r F in du second vo lume .