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gueur sur quatre de diamètre, et qui, fait
d’écorce d’aloès , est recouvert de la peau
d’une sorte de gras lésard , que ces nomades
trouvent dans toutes leurs rivières , et
notamment sur les bords de l'Orange et de
la Rivière des Poissons.
Obligé de nourrir une troupe nombreuse
et jaloux de faire participer la horde à l’a- j
hondance de mon g ibie r, jallois journellement
à la chasse 5 et toujours il y. avoit
un grand nombre d’Houzouânas qui m’ac-
compagnoient. Si je chassois dans la montagne
, ie gravissois D / J u les rochers avec eux.
Dans la plaine , je me serYois d’un de mes
chevaux. Mais , soit qu’il leur fallût me
suivre , soit qu’il fallût rabattre vers moi
les zèbres et les gazelles, ils se montraient
infatigables j et toujours , à quelque pas
forcé que je misse ma monture, je les
voyois à mes côtés.
Mes gens, prévenus contre cette nation,
trembloient de me voir au milieu d’elle.
Chaque coup de fusil qu’ils entendoient
les faisoit frissonner. Ils s'imaginaient sans
qesse qu’elle alloit m’assassiner pour venir
. les poignarder à leur to u r } et ils ne me
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v o y oient jamais revenir au camp , sans
témoigner leur joie etN sans me regarder
comme un homme échappé à la mort.
Pour moi, qui journellement occupé à
rendre des services , voyois, de leur côté,
ces Sauvages empressés à me montrer du
zèle, je riois de ees vaines terreurs. Dans
ma façon de voir , je ne devois rieri craindre
de gens qui gagnoient tant à ma présence
, et qui par conséquent perdraient
beaucoup par ma mort. - * :i
Pendant toute la longue route qu’ils ont
faite avec moi, jamais ils ne se sont démentis.
Sous bien des rapports ils me pa-
roissoient se rapprocher des Arabes, qui y ’
également nomades , également braves et
voleurs, sont d’une fidélité inaltérable dans
leurs engagemens, et défendraient jusqu’à
la dernière goutte de leur sang le voyageur
qui achète leurs services et se met sous leur
protection.
Si mon projet de traverser l’Afrique tbute
entière, du nord au sud, étoit pratiquable,
je le répète , ce ne pouvoit être qu’avec les
Houzouânas. Je suis convaincu que cinquante
hommes de cette nation sobre ,
M a