
sions de deux moutons nouveaux 5 et soudain
nous repartîmes.
Il fallut faire* quatre lieues, dans la direction
est-quart-nord , avant de retrouver
la trace. Elle reparut alors 5 mais ce
fut pour nous conduire sur les bords de
l ’Orange , et s’y terminer. C’étoit donc là
que les brigands a voient traversé la rivière
avec leur proie. Le fait paroissoit indubitable
5 et néanmoins mes deux guides Kami-
nouquois la passèrent à la nage , afin de
s’en assurer encore mieux.
Moi, qui , d’après leur témoignage, ne
doutois point que les Boschjesman que je
cher chois n’habitassent de l ’autre côté du
fleuve , je crus prudent de le mettre entre
eux et moi , et de passer la nuit où je me
trouvois. Nous avions fait treize lieues clans
notre journée, sans nous être arrêtés ailleurs
qu’au kraal j et nous avions tous besoin
de repos. Nos deux guides revinrent,
après avoir retrouvé la trace et l ’avoir suivie
pendant deux heures $ mais, en reven
a n t , ils virent flotter sur la rivière un
boeuf noyé, qu’ils firent dériver et qu’ils
. poussèrent
poussèrent vers nous. C’étoit un des miens.
11 avoit ma marque , et Klaas le reconnut.
Pendant la n u it, je m’étois occupé des
moyens de passer le fleuve. Nulle part encore
je ne Pavois vu aussi large et aussi
rapide ; et c ’étoit une profonde combinaison
de malice à ces voleurs d’avoir choisi>
pour le traverser, l’endroit où il étoit le
plus difficile et le plus dangereux. § •
Ce qui m’étonnoit sur-tout, c’est qu’ils
eussent réussi à le faire passer au troupeau^
tandis que mes gens , par torts les
moyens possibles , n ’avoient pu seulement
parvenir à mettre ces bêèes à l ’eau dans un
lieu qui etoit moins large des cleux tiers.
Cette idée augmen toit ma fureur contre les
brigands 5 et de bonne foi , j ’avoue que
j avois besoin d’être exalté par un pareil
motif. Sans cela , les difficultés du passage
m’eussent arrêté et elles au r oient suffi pour
me faire retourner en arrière et renoncer
à mes projets de poursuite.
Néanmoins , quoique je ne fusse pas de
sang fro id , je ne m’aveuglois point sur le
danger ; et ce fut même pour le diminuer
en partie, que je remontai plus haut l ’O-
Torne I I I , x