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peuplade * soit d’Houzouânas, soit d’une
autre nation ; et en conséquence , je résolus
de m’approchér des montagnes, dès
que le jour paraîtrait.
Quand il fallut partir, je me vis arrêté
de nouveau par l ’irrésolution de mes gens,
•qui, revenus à leurs anciennes terreurs.,
craignoient de pénétrer plus avant. Lorsque
nous avions quitté la horde sandaliste,
le danger ne s’étoit montré qu’en perspective
dans le lointain, et on l’a voit bravé.
Mais à-présent, qu’on le voyoit de près et
qu’il étoit grossi par l ’imagination, il gla-
çoit les courages.
Ces patrouilles, ces fe u x , ces précautions
de sûreté que j ’avois cru devoir prendre
pour la nuit, n’avoient fait qu’augmenter
l ’épouvante. On craignoit déjà que je
-ne voulusse aller bien au -d e -là du pays
-des Houzouânas. On accusoit Klaasd’arair
.trompé la troupe, en donnant à croire que
mon dessein , quand j ’aurais visité cette
nation , étoit de retourner au camp de l ’O-
. range ; lorsque mes démarches et tous mes
préparatifs sembloient annoncer des projets
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tout contraires ; et ce raisonnement n’étoit
pas sans vraisemblance, puisque je n’avois
rien dit de la proximité de ce retour.
Tel étoit l ’embarras, toujours renaissant,
de ma situation. Le grand nombre de personnes
que je traînois à ma suite, leur paresse
, leur pusillanimité , leur insubordination
, me suscitoient continuellement des
obstacles qui arrêtoient ma marche et con-
trarioiènt mes projets. Déjà plusieurs fois
j’avois formé la résolution de me debarrasser
d’eux et de continuer ma route avec
le sèul Klaas et lés quatre hommes dont il
m’avoit répondu. Je me voyois , de nouveau
, réduit à prendre ce parti. ;
Cependant, avant d’en venir à cette extrémité
, je voulus'leur notifier moi-même
l’assurance de mon retour prochain, et acquitter
ainsi la promesse que leur en avcût
fait Klaas. Je déclarai donc qu’après avoir
visité les Houzouânas et parcouru leurs
montagnes , je regagnerais, par le sud^
ouest, que je leur montrai > ou la mer,
ou l’embouchure de la Rivière des Poissons
; et qu’ensuite, remontant le fleuve
jusqu’à ce que-nous trouvassions un gué