
et dans nos conversations ils étoient tota-
lemént nuls ; tout cela paroissoil leur donner
de l ’humeur. Mais ce qui me chagri-
noit davantage , ot ce qui rendoit - pour
ceux-ci mes entretiens vraiment f'atiguans,
c’est que mes Namaquois entendoient mal
la langue koraquoise, et si mal que souvent
ils se disputoient entre eux sur le sens
de ce qu’on leur disoit.
De-là il àrrivoit quelquefois que , quand
je demandois quelque chose , la réponse
qui me revenoit ne se rapportoit nullement
à ma demande. Cet inconvénient étoit sans
remède, et malheureusement il devoit s’accroître
encore , à mesure que j’avancer ois
dans la contrée. Si depuis le pays des Petits
Namaquois jusqu’à la horde kabobi-
quoise j’avois trouvé quatre langages différent
qui exigeoient de moi quatre sortes
d’interprètes, que seroit-ce quand j ’aurois
ajouté, à mon éloignement des colonies ,
plusieurs centaines de lieues ? Que de difficultés
, si chaque peuplade que j ’allois
rencontrer , avoit son idiome ? Cependant
toutes ces difficultés ne me rebutoient pas
tant que mes gens, et il me restoit toujours
pour ressource la mère des langues , le
signe du besoin.
De toutes les hordes que j’avois vues jusqu’alors
, aucune encore nè s’étoit montrée
aussi recherchée dans ses ornemens et
ses atours que celle des Kabobiquois. Je ne
voyois point, parmi ses parures , les ras-
sades et les verroteries du Cap; le commerce
de ces sortes de marchandises ne pénétrait
point jusqu’à elle. Elle portoit les
bijoux en cuivre et les verroteries oblon-
gues , dont j ’ai parlé ailleurs ; et tout cela
lui étoit apporté pâr des Noirs, dont elle
n’entendoit point la langue, mais méchans
et voleurs, et contre lesquels elle avoit à
se battre souvent ; parce que, quand ils s’en
retournoient, après avoir vendu leurs marchandises
, ils cherchoient à les enlever et
souvent des bestiaux avec elles.
Les objets de traite que j ’avois en ce genre
étoient inconnus ; et avec ce mérite de nouveauté
ils ne pouvoient manquer de plaire
beaucoup. A peine en eus-je montré quelques
uns , qu’on se les disputa et que tout
le monde voulut en avoir. Les femmes surtout
ne pouvoient se tenir. Enfin, on jugera