
titude ne peut qu’embarrasser les naturalistes.
Ce qui a induit ceux-ci en erreur, c’est
que souvent, et dans le même canton , on
voit à la fois et une femelle qui commence
sa ponte , et des petits qui ont déjà deux
ou trois mois, et des autruchons grands
comme leur mère. Tout ceci présente dans
l ’espèce une apparence de désordre qui a
deux causes. Je parlerai ailleurs de la première
, parce qu’elle est commune à tous
les oiseaux de l ’Afrique. En ce moment,
je ne citerai que la seconde, et elle suffira.
Les oiseaux d’une même espèce entrent
ordinairement en chaleur au même tems ;
et par conséquent tous devraient avoir des
petits à-peu-près vers la même époque. Mais
les oeufs peuvent être mangés. On peut, en
dérangeant la ponte , obliger la. mère , d’en
faire une seconde, et même une troisième j
et il est évident qu’alors il y aura des petits
qui ne seront pas encore éplos, tandis
que d’autres seront déjà fort grands.
C’est ce qui arrive à Tau truche. Ordinairement
sa couvée est de dix oeufs. Mais ces
oeufs sont recherchés des Sauvages, qui les
regardent comme une friandise, et q u i,
quand ils en découvrent, ne manquent
pas de les enlever* De-là doivent résulter
des pontes retardées, et des autruchons
de différens âges. Si le chercheur de nids
en a trouvé un où l ’incubation ne soit point
encore commencée , et qu’il croie etre seul
à le connoître, c’est un trésor dont il se
réservera le produit pour long-tems.
Alors, au lieu d’en enlef er tous les oeufs
à la fois , il n’en prendra qu’un ou deux ;
convaincu que la femelle , qui ne commence
à couver que quand elle a com-
pletté son nombre , en pondra de nouveaux.
Le surlendemain, il viendra re-
nouveller son escamotage. Enfin , s il met,
dans sa maraudé, de l ’adresse et de la précaution
, il peut faire pondre jusqu’à cinquante
oeufs. Quelquefois même, si le nid
est occupé par deux ou trois couveuses ,
réunies en société , ainsi que je l ’ai vu et
que je l ’ai déjà d i t , il en aura davantage.
De pareils faits peuvent induire un'na-
turaliste en erreur, quand il ne les connoit
pas ; et parce qu’un Sauvage lui aura dit