
Avant de songer ' au départ, j ’avois eu
soin de leur demander le peu de rensei-
gnemens qu’ils étoient en état de me donner
sur la route qu’il me falloit tenir. Ils
m’avoient dit qu’après un ou deux jours
de marche vers le nord, je trouverais une
•vaste plaine, terminée à l ’ouest par une
chaîne de montagnes ; que je devois traverser
la plaine j et-que c’étoit dans les roches
des montagnes que je rencontrerois
l ’établissement des Houzouânas , dont ils
m’avoient parlé.
Je m’orientai d’après ces instructions, et
vers midi nous fîmes notre première halte
sur les bords d’un lac de sel. Ce sel , cristallisé
, offroit une lame qui le couvroit
dans toute son étendue. Probablement elle
avoit été formée à sa surface et le surna-
geoit ; mais l ’orage des jours précédens y
avoit porté tant de pluie , qu’elle se trou-
voit entre deux eaux.
Mes gens étoient assis sur les bords du
lac de s e l , et ils s’apprêtoient à, dîner,
lorsqu’ils apperçurent au loin , dans la
plaine, quatre hommes qui la traversoient.
Cette vue les glaça d’effroi. Ils s’écrièrent
que c’étoient des Houzouânas ; et quoiqu’ils
fussent dix ou douze contre u n , ils
craignoierit déjà d’en être attaqués. En un
instant, tout ce courage du matin s’évanouit
j l ’appétit manqua subitement à tout
le monde, et je ne sais ce qu’auroit produit
l’allarme générale , si Klaas n’étoit
yenu m’avertir au plus vite de ce qui se
passoit.
Je pris ma lunette, pour examiner les
quatre étrangers ; et je vis des hommes
qui, par la taille , me paroissoient très-
grands j tandis que les Houzouânas , d’après
le portrait qu’on m’en avoit fait, lï’é-
toient guère que des pygmées, hauts, tout
au plus, de quatre pieds et demi. Je tirai
quelques coups de carabine , afin de nous
faire remarquer d’eux. En effet, ils nous
apperçurent ; mais ce fut pour eux une
raison de s’éloigner, et ils disparurent à
l’instant.
Parmi les inconvéniens de route sur lesquels
m’avoient prévenu les Porte-sandales
, il y en avoit un dont ils ne m’avoient
point parlé J c’étoit d’un terrain creux et
boursoufflé, sur lequel nous étions obligés