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langue, que j ’étois un voyageur qui avoit
voulu connoître la contrée qu’il habitait,
et que je désirais, s’il étoit possible, d’y
trouver des amis.
Alors il vint à moi. Mes quatre camarades
s’approchèrent également, et ils ne-
furent pas moins étonnés que moi de voir
un homme de leur nation. Ils entamèrent
conversation avec lu i , l ’assurèrent de la
vérité de ce que je lui avois d it , et gagnèrent
tellement; sa confiance qu’à l’instant il
engagea, par un signe, ses camarades à
s’approcher.
Les femmes, plus méfiantes ou plus circonspectes
, restèrent groupées auprès des
huttes, en attendant le résultat de fa. conférence
et en nous lorgnant avec .curiosité.
Mais les hommes accoururent tous. Je distribuai
entre eux le tabac e l les verroteries
que je leur avois montrés ; et ces loups
qu’on s’étoit plu à me peindre si féroces,
ne forent plus pour moi que des mouton
«.
Néanmoins, au moment où je venois de
les apprivoiser, il fallut me séparer d eux*
Ma marche à voit consumé beaucoup 4e
* S A F R I Q U E. 163
temSi Là journée étoit fort avancée j et je
eraignois, en restant davantage, d’aiiar—
jaer mes gens par mon absence, ou de m’exposer
à u i’égarer la nuit dans un pays que
je ne connoissois point.
J annonçai donc aux Hoüziouânas que le
lendemain je reviendrôis camper s u t les
bords de leur ruisseau. Je les assurai de
nouveau qu ils trouveraient en moi un ami,
toujours prit à les obliger et à les défendre .'
Je leur garantis qu’ils n’éprouveroient, de
la part de mes gens, ni insulte ni dommage,
mais je leur déclarai,en même tëms,que,
ai j avois a me plaindre d’eux en la moindre
chose, j userais aussi de toutes mes ressources,
que je les assurai être de beaucoup
supérieures à leurs forces.
Ce fut le Hottentot qui me servit d’interprète
pour annoncer ces diverses dispositions.
Ce fiut lui qui me rendit là réponse
très-satisfaisante qu’on y fit / et je remarquerai
qu’outre la langue hottentotë, il
Parloit encore assez bien le hollandoîs. Enfin,
il m offrit officieusement de me servir
de guide jirsqu à mon camp, d’y passer la
nuit, et de revenir le lendemain à la horde
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