
a V O T A G B
que fois qu’elle venoit me vo ir, elle ramenait
avec elle$ et avant d’eiitrer dans
ma trente , l’attacnoit à un des piquets, afin
qu’il pût jouer avec Kees. Moi, toujours
je me faisois un plaisir de lui donner quelque
friandise. Mais à peine avions - nous
le dos tourné, que- Kees, plus robuste et
plus malin , lui ouvrant la bouche de force
, enlevoit de ses poches ce que je ve-
nois de lui donner. La femme, aux aguets
de cette friponnerie , en rioit aux larmes
Pendant ce tems,Kees, dans la crainte d etre
forcé à restituer , se sauvoit bien vite. Alors
elle couroit à son favori, l ’accabloit de caresses^
comme pour le consoler, et exi-
geoit de moi que je le dédommageasse par
qtielque autre cadeau.
L ’amitié de cette femme pour son singe
étoit une vraie passion. Il-sembloit qu’elle
y eût attaché son bonheur. Cent fois, pendant
que nous causions^ ensemble, elle in-
terrompoit la conservation pour le baiser ;
et néanmoins , quand elle me vit p a rtir,
tout à c o u p , à ma grande surprise, elle le
prit? puisj, après l'avoir baisé et rebaise ten:
drement, elle me le jetta sur Fépàule et
me pria de le garder ^ Etoit-ce inconstanee
ou détachement ? N on , les caresses qu’elle
liii fit avant de me le donner., prouvent le
contraire. Mais elle avoit deviné que je
serois fort aise de posséder l ’animal, et
sans autre cérémonial' elle s’en détachoit
pour moi seul.
Mon projet étoit de me rendre dans une
horde de Koraquois, fixée à quatorze ou
quinze lieues plus lo in , nord-ouest. Douze
personnes, tant hommes que femmes, de
celle que je quittois, se joignirent à ma
caravanè et me servirent de guides. Nous
nous proposions de faire halte sur les bords
d’une rivière que nous devions trouver à
quatre lieues et demie du point du départ.
Mais le lit en étoit occupé par une harde
de plus de cent buffles que mes chiens firent
lever et qui prirent la fuite par le côté
opposé.
C’est toujours un signe de mauvaise augure
que la rencontre de ces animaux dans
les déserts pendant le tems des sécîteres-
sès 3 parce que, Vivant en grosses troupes et
séjournant toujours dans le lit dès rivières,
ils dessèchent bientôt les amas d’eau
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