
Ni dans l ’après - dîner,' ni même dans la
soirée, pas une seule personne du kraal
ne vint à mon camp 5 et le sentiment que
cette conduite annonçoit me surprit d’autant
plus qu’aucune nation sauvage ne me
l ’a voit encore témoigné. Etoit - ce ' moi
ou les Houzouânas qu’ils appréhendoient?
Craignoient-ils qu’arrivant d’un canton de
pestiférés , nous ne leur apportassions les
germes de la maladie? je l ’ignore j maisà-
coup-sûr cet éloignement supposoit de la
méfiance 3 et cette méfiance étoit même
telle que , pendant la n u it, ils débibérè-
rent s’ils ne se retireroient point dans le?
montagnes.
K la a s , qui sans cesse cberchoit-l’occasion
de me servir ét de m’être utile , étoit
aile aux observations dès le point dti jour,
et il vint me faire part d’une remarque importante.
Ea borde étoit très-considérable j
et cependant il n ’y avoit vu qu’un très-petit
nombre de bestiaux, incapable de fournir
à la subsistance de tant de personnes : d’où
il concluoit qu’on avoit caché et fait disparaître
une grande partie du troupeau. Cette
conjecture me paroissoit fondée 3 mais les
soupçons de ces Sauvages m’affligeoient
plus qu’ils ne m’étonnoient.
Pour les faire,cesser, j ’assemblai les Houzouânas.
Je’leur prescrivis la conduite que
je voulois qu’ils tinssent avec la horde , et
leur déclarai que s ils donnoient lieu a la
moindre plainte, non-seulement je cesse-
rois d’être leur ami, mais que je m’uni-
rois à la horde pour les exterminer tous
jusqu’au dernier. Ils protestèrent qu’ils ne
manqueroient en rien à la fidélité qu’ils
m’avoient promise ; et je dois répéter ic i ,
qu’effectivement, tant que j ’ai vécu avec
eux, ils n’y ont jamais manqué.
Tranquille sur leur compte, je voulus aller
rassurer la horde, et me rendis, sans suite,
au kraal. La confiance qu’annqnçoit ma
démarche y dissipa toutes les craintes, et ma
conduite acheva d’établir l’union. Bientôt
les troupeaux reparurent. Qn v in t , le soir,
m’apporter du lait. On m’amena même quelques
moutons 7 que je payai libéralement
avec du tabac. J’achetai aussi cinq boeufs
et quatre vaches, qui à l ’instant furent livrés
aux Houzouânas , pour m acquitter