
cette effusion de reconnaissance qu’inspire
à des ames sensibles un service important. Il
leur étôit facile d’arriveiPau vallon et à la
maison de Sclioenmaker, en suivant seu-.
ïement la trace des roués , de mes char-
riots.
Tout cet entretien et ces éclaircisse-
mens avoient' employé une partie de ma
soirée. Avant de nous séparer, je fis servir
aux voyageurs du thé et du café j ils
me quittèrent pour aller reposer ; mais en
me quittant, leur visage rayonnoit d’une
allégresse qui, je l ’avoue, m’émut ^profondément.
'
Pour moi, j ’allai de nouveau me jeter
sur le matelas de mon charriot. Mon mal
de tête et mon mal-aise étoient beaucoup
augmentés. Je ne pus dormir de toute la
nuit. Mais, quoique la cause de mon insomnie
dût m’inquiéter, je m’abusai encore
, et l ’attribuai; à la grande agitation
que m’avoit occasionnée cette singulière
aventure.
Le lendemain matin, les- deux époux
vinrent me dire que , confirmés encore plus
que la v e ille , dans la résolution où ils
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étoient d’accepter ma proposition, ils al-
loient se disposer à partir. M o i, afin d’ajouter
à leur bien - être tout ce que j ’y
croyois propre, je leur donnai quelques
renseignemens sur les peuples du pays et
sur le parti qu’ils pouvoient en tirer pour
améliorer leur situation.
Résolu néanmoins de lui rendre son sort
aussi agréable qu’il' étoit en moi, je vou-
lois lui former un petit approvisionnement
des choses qui alloient devenir nécessaires
ou au moins utiles dans son établissement
nouveau. Il merestoit encore une certaine
quantité de viandes salées, et particulièrement
du dernier hippopotame. ' J’en fis
remplir une outre qu’on porta sur son
charriot. J’ajoutai une provision de quincailleries,
du laiton pour dés bracelets,
des d o u x , dé la poudre, dù plomîb, en un
mot, tout ce que je crus capable de fournir
à ses jouissances, à sa sûreté, à ses
moyens de traite et d’échange.’f Enfin, je
lui donnai quatre moutons , une chèvre
prête à mettre bas, deux poulets , mâle et
femelle , et le plus jeune de mes chiens.*