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y âge q u i, pour soulager un homme souf* 1
frant, ajoute à ses mapx des souffrances I
nouvelles qui ne sont que des souffrances j 1
et j ’avoue que cet exemple,contrarioit u n i
peu mon expérience qui jamais ne m’avoit |
fait rencontrer aucun homme mutilé ou cou-1
trefait, en quoique ce fût.
M. Pater son dit en avoir vu aussi des I
exemples dans une horde à l ’embouchure I
de l’Orange ; et ce fait est croyable,. Quel-1
que absurde que soit un usage , des peu-1
pies sauvages, lorsqu’ils sont voisins, peu-1
vent l ’avoir pris les uns, des autres. Maisl
qu’il se trouve également dans d’autres par-1
ties du monde ; qu’on le voie pratiqué chez I
clés insulaires de la mer du sud, q u i, depuis I
que leur île est habitée, n’avoient peut-être 1
jamais vu un étranger avant le capitaine 1
Cook et Bougainville voilà ce qui doitl
étonner. .
J’usse fort désiré interroger en détail sur I
tout ceci les gens de la h' orde. J’eusse voulu II
également leur adresser des questions sur I
quelques coutumes qui me paroissoient sin-1
gulières j mais les difficultés croissoient à I
mesure que j ’avanqois dans la contrée. Les I
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Rabobiquois âvoient une langue particulière;
et cette langue , quoiqu’elle eût le
Iclappement hottentot, n’etoit entendue que
¿par les Koraquois qui , à raison du voisinage
, entretenoient avec eux quelques liaisons.
: Il en étoit de même de l’idiome des K.o-
raquois, par rapport aux Namaquois, leurs
voisins. Ainsi, quand le chef de la hordé
vouloit me parler, il adressoit la parole a
mes Koraquois ; ceux-ci la rendoient dans
leur langue aux Namaquois f et les Namaquois
, la traduisant à leur tour, la faisoient
passer aux Hottentots de là horde de Klaas
Baster, qui me l ’interprêtoient dans la leur,
li en étoit de même de mes demandes. Rien
n’arrivoit à mon oreille qu’après avoir passé
par quatre bouches différentes. Mais le ré^
sultat me faisoit aisément appercevoir que
l ’idée arrivoit jusqu’à moi avec autant d’al-
terâtion que les pensées des poëtes de l ’an-
tiquite nous ont été transmises , malpré
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pout le génie de nos sublimes traducteurs.
¡ûPottr ceux de mes Hottentots que j’avois
pris au Gap et dans les colonies , ils n’en-
tendoient absolument rien à ces idiomes ;