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mais le plus remarquable ou le plus beau, |
comme on peut le croire , attiroit toujours]
mon coup de fusil.
Reposons enfin nos yeux sur un objet noii ]
moins touchant, sur des couleurs peut-être!
plus aimables encore.
Toujours occupé d’oiseaux ', de ramages]
mélodieux, de plumages nuancés et bril-]
lans , j ’avançois au milieu de la forêt de]
Mimosas. Tout-à-coup je sens mon odoratB
frappé de parfuns exquis f je cherche la]
plante ou l’arbrisseau qui me communiqUoit]
une si douce volupté : l’air qui m’environne]
me sert de guide 5 plus l ’odeur m’enivré, ]
plus la flèur est voisine ; j’arrive aux bords]
de la rivière : saisi d’admiration , je m’ar-]
tête à la vue d’une plante magnifique , la]
plus belle que j’eusse jamais contemplée:]
c ’étoit un lys qui avoit sept pieds de haut)]
j ’étois obligé de lever la tête pour admirer]
la sienne. Il balançoit, plein dé majesté,]
sur sa tige flexible et laissoit échapper dcsl
flots d’encens.
Dans la pârtiè supérieure de sa tige droite]
et élancée se trouvoient éparses avec ordre
et grâce, trente-neuf corolles ou fleurs)
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dont six un peu épanouies, dix-huit en
pleine floraison , et quinze prêtes à s’en-
trouvrir par degrés. Celles qui étoient épanouies
formoient un calice , plus grand au
ânoins d’un tiers que celui des lys blancs
d ’Europe, Leurs pétales ou feuilles, couvertes
, à l’extérieur, d’un beau gris de
lin , étoient intérieurement d’un blanc de
neige, bordé par un liséré cramoisi et relevé
par un pistile et des etamines du carmin
le plus riche. Cette tige de sept pieds
avoit, dans sa plus forte épaisseur, six
■pouces de circonférence.-»Rougie du côté
du soleil par la chaleur qui lui avoit donné
une couleur vineuse , elle étoit verte dans
le reste de son contour, et portoit des feuilles
larges de trois pouces et demi sur une
longueur de trois pieds. Enfin, cette plante,
née dans la solitude et pure çomme le soleil
qui l ’avoit embellie, avoit été respectée de
tous les animaux du canton et sembloit dé~
fendue par sa beauté même.
! Le prodige que je venois de découvrir
m’avoit trop frappé pour :n en être pas occupé
tout entier. Dès ce moment, tous mes
projets de chasse s’évanouirent y je fis grâce