
craignant pour nous la chute de la foudre,
je la craignois encore pour mon magasin ,
q u i, par son explosion, m’eût fait sauter
avec lui. . \ : >
Mes transes sur double danger durèrent
plus d’une heure. Enfin, le tonnerre
cessa, quoique la pluie continuât encore $
et alors chacun de nous tirant la tête de
dessous ses couvertures, nous nous cherchâmes
des yeux les uns les autres. Surpris
de nous retrouver yivans , nous nous félicitions
d’avoir échappé à un pareil danger.
Mes guides kabubiquois s’applaudissaient
seuls de l ’orage.'Accoutumés, disoient-ils,
à en éprouver souvent de pareils,, et même
de plus bruyans encore , ordinairement ils
n ’en avoient que le b ru it, sans profit aucun
tandis que celui-ci alloit donner de
l ’eau à -leurs puits et des herbes nouvelles
à leurs bestiaux. Aussi l ’avoient-ils regardé
comme un bonheur j et leur joie étoit mêr
me telle qu’ils étoîent restés assis tranquillement,
exposés à l ’averse j et sans chercher
aucunement à s’en garantir.
Tous nos animaux., moutons , boeufs et
chèvres, s’étoient, pendant la tempête ,
dispersés de côté et d’autre dans la plaine.
Il fallut les rassembler. Aprè's quoi, voulant
trouver un campement près du bois et
de la rivière que j ’y soupçonnais , je me
remis en route. Qu’eussions-nous fait au
milieu de cette campagne inondée, et sOiis
une pluie qui-, quoique moins forte qu'au*
paravànt, tomboit néanmoins toujours avec
violence f Percé jusqu’à la peau , le désagrément
d’être mouillé un peu plus long-
tems n’étoit rien pour moi.
Il est vrai que tous mes effets étant trempés
, “ ils doubloient la charge dés boeufs.
D’ailleurs la terre, quoique sablonneuse ,
avoit reçu tant d’eau qu’elle ne pôuvoit
avoir tout absorbé. De toutes parts elle
étroit couverte de lagunes j ét les animaux,
obligés de marcher à travers cès flaques
sans savoir où ils posoient le pied , tré-
buchoient à chaque pas et cour oient risque
de s’estropier sous leur charge.
Heureusement, quand nous arrivâmes à
la lisière du bois, la pluie cessa tout-à-fait j
et le calme nous permit d’allumer des feux
pour sécher nos effets et nos habits. Le