
sommeil au milieu) de gens dont le tumulte
et les cris sont toujours èn raison du plai.
sir qu’ils' ressentent, et chez qui une fête
a l ’apparence d’alarme et de combat. Ainsi,
loin de songer à m'e'retirer dans ma tente
je restai parmi eux et ne m’occupai que de
jouir du spectacle qu’ils me présentaient.
Mais c’étaient sur-tout les narrateurs qui
m’interessoient depréférence. Assez instruit
4e leur langue pour entendre ce qu’ils di-
soient, je m’amusois infiniment de leurs
récits. Quoiqu’ils ne racontassent que des
évcnemens qui m’étoient connus, néanmoins
leur génie brut les circonstancioit
par des réflexions et des détails si extraordinaires
il les ornoit d’images poétiques
si sublimes et si extravagantes ) enfin, il
leur donnoit un air si bisarre et si nom
veau qu’en les entendant je croyois écouter
des fables. Jamais , jusqu’à ce moment,
je n’avois goûtéun pareil plaisir) et j ’avoue
franchement que de toutes les nuits que
m’ont données mes deux voyages, celle-ci
a. été sans contredit l ’une des plus agréables,'
Au lever du soleil, tandis que tout le
monde se retiroit pour dormir , moi je
s N A r R i <i tJ éV Soi
pris mon fusil, et j ’allai chercher fortune
s o u s les arbres du voisinage. Je n’y trouv
a i rien qui pût servir à augmenter ma collection
) mais le hasard m’y fit faire un.
coup très-extraordinaire, et dont il n’y à
peut-être aucun chasseur quipuisse.se glorifier.
Je m’étais assis au pied d’un arbre ; mon
fusil entre mes jambes droit devant mo i, la
crosse appuyée contre terre, et une main
sur la détente. De l ’autre main je tenois
une feuille sur le tranchant de laquelle je
soufflois à la manière des oiseleurs , pour
! attirer les petits oiseaux 3 une espèce de
rouge-gorge vint effrontément se poser sur
mon chapeau, de là sautant sur la bouche
f de mon fusil , un pied sur chaque canon *
elle resta immobile et très - attentive ait
I bruit de la feuille que j ’agitais ) ramage
; nouveau pour elle !
Dans des contrées désertes , un animal
qui n’a point encore vu d’hommes , peut,
par inexpérience, ne pas s’effaroucher ,
quand il en verra un ) ïsur-tout si cet homme
est en repos et sans mouvement.1
Quelque fût le motif dé la. familiarité de