
i 66 % o y a o «
s’ils volent , jamais du moins ils ne tuent
que pour défendre leur v ie , ou par représailles
et pour venger d’anciennes injures.
Quelquefois cependant il arrive qu’après
des courses très - fatigantes , ils reviennent
sans butin, soit parce que la proie,
a disparu, soit parce qu’ils ont été repoussés.
Alors les femmes, exaspérées par
la faim et par les cris de leurs en-fans que
le besoin fait pleurer, entrent en fureur*
Reproches, injures, menaces, rien n’est
épargné. On veut se séparer y on veut quitter
des maris sans courage , et en chercher
d ’autres qui aient l ’industrie de nourrir
leurs enfans et leurs femmes. Enfin , après
savoir épuisé tout ce que la rage et le désespoir
peuvent suggérer, elles détachent leur
petit tablier de pudeur, et à tour de bras
en frappent leurs maris au visage.
De tous les affronts qu’iL est possible de
leur faire , celui-ci est le plus outrageant j
e t jamais ils n’y résistent. Devenus furieux
à, leur tour , ils coëffént leur bonnet de
guerre, ( c’est une sorte de casque fait avec
Ja »uqnç de l ’Eieene, dont le long poil
e n A f a r q u e. 167
forme sur leur tête une crinière flottante ) ;
ils partent comme des forcénés, et në réviennent
que quand ils ont enlevé quelques
troupeaux.
A leur retour, les femmes viennent au-
devant d’eux ; elles leur font des caresses
et exaltent leur courage. Enfin , on ne
songe plus qu’à se divertir et à faire bombance
j et l ’on oublie les maux passés, jiis-
qu’à ce que de nouveaux besoins ramènent
les mêmes scènes.^-
Tels étoient, en ' substance, les détails
par lesquels mon guide cher choit à justifier
là conduite de ses camarades, conduite nécessitée
par le besoin, et que la qualité de
Sauvage rend suffisamment légitime. Avec
des lo ix , une police , des moeurs, et lés
préjugés qu’elles nous donnent, c’est une
chose monstrueuse que des hordes dé brigands,
même parmi des Sauvages , livrés
sans cesse aux rapines, à Ta guerre, aux
dangers qu’elle entraîne , ' pour échapper
à la faim et trouver les moyens de l ’assouvir.
Mais lequel est le plus véritablement
sauvage de celui qui déjà cultive, élève
des troupeaux , s’attache de préférence à
h 4