
affreuse n’avoit point encore soilné pouf
eux j elle les attendoit au pprt.
Les quatre vaisseaux màrchoient dë conserve
et sans se perdre dè vue les uns les
autres. Nous nous permettions même , lorsque
le tems étoit cálme et qu’on pouvoit
mettre les chaloupes en mer, de nous faire
, d’un bord à l ’autre , des visites d’amitié.
Si le vent et la mer trop liôuleùsë interdisoient
ce genre de commerce, on ëii
employoit un autre, celui de l’écriture et
des lettres 5 et c’étoient des hirondelles de
ïüer et des mouettes qui nous ser voient de
couriers. : -
Battus par les vents et fatigués, ces animaux
venoient se reposer sur nos vergues
où il étoit aisé à nos matelots d’eri prendre
quelques - uns. Nôus leur attachions
aux pattes de petits billets j puis leur donnant
la volée et les effrayant par nos cris/
pour les empêcher de së percher sur notre
vaisséaü , nous les obligions d’aller se
reposer sur un autre. lA , ils étoient saisis
<|e nouveau par l ’équipage , et on nous
ES? A F R I Q U E * St%
les rènvoyoit de la même manière , chargés
de la réponse à nos billets. Ce stratagème
curieux a . je ne sais quoi de gracieux
èt de tendre qui me transporte en
d’autres régions, et c’est une des circonstances
de mes voyages que je me rappelle
toujours avec un nouveau plaisir *
A trois cent cinquante-cinq degrés de
longitude , dix degrés quinze minutes de
latitude n o rd , nous fuineS saisis d’un calme
qui nous arrêta quelque tems ; et alors
je fus témoin d’un phénomène qui, connu
des matelots de l ’équipage f étoit nouveau
pour moi.
Un énorme poisson p la t , du genre des*
raies , vint nager autour de rtotré vaisseau.
Il différoit cependant de la raie ordinaire
, en ce que sa tête , au lieu de sfe
terminer en pointe, formôit un croissant/
et qu’à chaque bout du demi cercle sor-
toient deux espèces de bras fort allongés
que les matelots appeloient cornes , et ,
qui, larges de deux pieds à leur naissance ,
ifavoient que cinq pouces à leur extrémité.
On me dit que ce monstre s’appeloit diable
de mer♦