
. m’eussent présenté un point d’attaque favorable.
Grimpé sur leur cîme , je y i ’y se-
rois vu en sûreté , et j ’aurois pu tirer à mon
aise les deux animaux; mais il eut été très-
imprudent à moi de traverser le fourré pour
gagner les arbres, ne çpnnoissailt pas précisément
le gîte où ils s’étoienF réfugiés,,
et pouvant par conséquent sêtre pris ajr
passage. . ^ ,
Ne, pouvant douq.attaquer lps deux £br-
- midables, bêtes dans leur retranchement,
il- s’agissoit d’essayer de les faire sortir du
fort ; c a r , comme il étoit dif^cile , et mêr
me impossible, d’pser pénétrer jusqu’à eux,
attendu que -les broussailles étant fort élevées
et très-touffues, mes tireurs n’aur oient
pas eu beau jeu pour ajuster et maîjjer le§
. longs,fusils dopt ils étoienfc armés;; Jeime
décidai donc à les placer, ainsi qup.d’autres
Sauvages, de distance en distance, sur
les hauteurs tout autour du bpis;, de.'manière
que les lions ne pussent gagner la
plaine sans être apperçu , persuadé qu’aussitôt
que nous les .aurions en rase campagne
, nous nous trouverions les plus fort?
-et ne tarderons pas à être victorieux,;
Aucun Sauvage n’osant pénétrer.dans le
bois, nous imaginâmes d’y faire entrer“ de
force, tous les boeufs de la horde.
Quand nous fûmes tous postés et munis .
de nos armes prêtes à tire r , on poussa les >
boeufs en avant ; et à force de coups, ainsi
que par des cris, nous les forçâmes, d’entrer
dans le fourré. En même tems mes chiens
donnèrent ; et pour effrayer les lions-, et
les obliger à sortir, je fis faire plusieurs
décharges de , pistolets.
Bientôt les boeufs , sentant leurs ennemis
à l ’odorat, reculèrent d’e ffro i, et se-
rejettèrent vers nous ; mais repoussés, par
nos clameurs, par l ’aboiement des chiens
et le , bruit de nos armes, obligés de se re- <
porter dans le fo r t , ils entrèrent en fureur,
se heurtèrent les uns les autres, et se mirent
à mugir d’une manière épouvantable.
De,leur côté / les lions s’animèrent a l ’aspect
du danger. Leur rage s’exhaloit en rugisse
mon s horribles. On les entendoit suc-,
cessivément à tous les endroits du fourré,
sans qu’ils osassent se montrer nulle part à
découvert ni percer vers nous. Le choc de
deux armées n’est pas plus bruyant qu*
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