
pendant j ’admettrois avec moi ceux qui
auroient le couraae O de me suivre.
Mon plan' nouveau étoit d’aller chez les
Houzouânas et de revenir au -camp de l’Orange
, non par la route que j ’avoiS suivie,
mais par une autre quelconque , qui me
donneroit lieu de connoître de nouvelles
peuplades. Arrivé au camp, jê me propo-
sois de reprendre mes équipages , et d’aller
, toujours par un chemin différent, les
déposer au Cap , afin de recommencer , à
des époques mieux choisies , et uniquement
avec des boeufs de charge , un troisième
voyage , dont je une promettois plus
de succès que du second, et que je devois
diriger par les contrées à l ’est des montagnes
du Camis.
Pour celui-ci, je prévoyois;avoir besoin
des Houzouânas ; et c’est dans ce dessein
que je voulois les éprouver et m’assurer
d’eux. Au reste , ma nouvelle manière de
voyager, plus leste et plus commode, ainsi
que moins dispendieuse, me garantissoit
encore des ressources plus abondantes et
des facilités de découvertes , dont l ’espoir
enchantoit déjà mon imagination.
Au point du jour , ma caravane entière
se trouva prêté à partir. Pendant la n u it,
les Grands Namaquois avoit tenu conseil
entre eux; et ils s’étoient, comme je l’a-
vois prévu, décidés à me suivre , non par
courage ou par zèle , mais par pure poltronerie
, et dans la crainte d’être attaqués
des Boschjesman, s’ils retournoient chea
eux sans escorte.
Mes Hottentots, qui se croyoient bien,
supérieurs aux Grands Namaquois, et qui
eussent rougi de se montrer moins' braves ,
se piquèrent d’affecter plus d’ardeur encore
; et leur exemple entraîna le reste de
la troupe. Koraquois , Kaminouquois , Petits
Namaquois, gens de la horde du Baster,
tous disputèrent d’empressement. C’étoit
à qui témoigneroit une plus grande impatience
du départ. Ces Porte-sandales, dont
les récits avoient d’abord inspiré tant de
frayeur , n’étoient plus à-présent qu’un objet
de risée. On plaisantoit sur eu x , et l ’on
disoi^ hautement que s’ils avoient refusé
de m’accompagner , c’est parce qu’ils crai-
gnoient de mouiller ou de gâter leur chaussure.