
que trois dans la matinée y mais ce fut par
une autre raison. Un de mes charriots versa
dans un passage difficile. Il eut son timon
rompu et trois rayons de ses roues de derrière
cassées y et, pour comble de malheur,
on ne put le relever qu’en le déchargeant
entièrement»
Il m’étoit aisé de suppléer au timon. J’en
avois un de rechange sous chaque voiture.
Mais les réparations de la roue exigeant du
teins, et le lieu n’étant pas" commode pour
ce travail, je le remis au lendemain; On
entrelaça quelques branches dans les rais
cassés* pour la soutenir. On allégea le char-
riot, en répartissant sur les deux autres ce
qu’il avoit de trop lourd y et dans cet état,
nous pûmes faire encore quatre lieues et
arriver au bord d’une rivière qui nous offrit
un campement favorable pour nôtre séjour
et notre réparation. C’étoit le-ia juillet
: époque mémorable que je n’oublierai
jamais, parce qu’elle fut pour moi celle
d’une maladie qui faillit à me coûter la
vie y mais époque chère à mon coeur, et
que je me rappelerai toujours avec la satisfaction
la plus douce, parce qu’elle me
p r o c u r a
x h A v a i q v x. 4o'à
procura le plaisir de faire une bonne action
et de rendre heureuse Une famille.
J’étois arrivé avec du mal-aise, du frisson
et une grande pesanteur de tête. Mais ces
symptômes ne m’effrayôient nullement. Je
les attribuois aux fatigues extrêmes que
m’avoit causées mon excursion vers, l ’embouchure
de l’Orange , et même à celles
de ma dernière chasse. Dans cette idée ,
supposant qu’il ne me falloit que du repos
, j’étôis allé me coucher dans mon charr
riot, et j ’attendois un sommeil que je ne de-
vois pas trouver.
Pendant ce teins , Klaas falsoit dresser
ma tente. Mais tandis qu’on y travailloit,
il apperçut au loin une voiture qui paroi’s-
8oit se diriger vers nous , et il courut m’annoncer
cette bonne nouvelle. Il y avoit plus
d’un an qu’il ne m’étoit arrivé de lettres du
Cap.' J’ignorois absolument tout ce qui s’y
étoit passé depuis mon départ y et ces étrangers
alloient m’en instruire peut-être.
Cette idée me fit oublier mon mal. Je
sautai en bas de mon l i t , et courus au-
devant des voyageurs.
Leur, çharriot étoit traîné par dix boeufs,
Tóme I I I . Ë e