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attendant que des voyageurs plus heureux
lui en aient donné tin autre.
Je ne quittai point la horde sans y prendre
des guides. Ceux-ci, par une traite de
sept ou- huit lieues , me conduisirent vers
un torrent desséché , sur les bords duquel
ils me laissèrent, et qu’ils m’assureront être
cette Rivière du Lion que j ’avois traversée,
plus à l’est, dans le commencement de mon
départ. S’il est difficile , en Afrique, de
s’assurer du cours d’une rivière qui coule,
il l ’est bien plus encore pour celle qui est
entièrement à sec. Je m’en suis rapporté
aux . Sauvages sur le nom de. {celle-ci j et
ç ’est d’après leur témoignage que je l ’ai
indiquée sur ma carte. Au reste, je doute
très-fort que ce soit la même rivière 5 -mais
il pourrait bien se faire que c’en soit encore
une autre, à laquelle on ait donné le nom
de Lion ; comme il y a en effet dans cette
partie de l ’Afrique, plusieurs rivières on
torrens qui ont cette dénomination. ; il
suffit d’ailleurs qu’un Colon ranpontre, un
lion, un éléphant, un bufïle ou tout antre
animal sur le bord d’unè rivière., pour lui
@îi donner aussi-tôt le. nom. Et voilà comme
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p se trouve , au Cap de Bonne-Espérance,
plusieurs Rivières des Eléphans , des Buffles
des Lions, ainsi que plusieurs Zout
Jiivieren, (Rivières Salées), etc. Ce qui est
b i e n c a p a b l e de produire quelques erreurs
g é o g r a p h i q u e s , sur-tout dans un pays aussi
m o n t a g n e u x et où il est impossible de suivre
le bord des rivières.
Des bords de celle-ci, nous nous dirigeâmes
, par le "plus court chemin, vers
l’Orange : nous n’y arrivâmes qu’au milieu,
de la nuit f mais la joie de retrouver enfin
la rivière sur laquelle étoit mon camp, ré pandit
dans ma caravane une ivresse qui
tenoit de là folie , et qui , prolongée jusqu’au
jour , nous empêcha tous de nous
livrer au sommeil. On ne parloit plus que
du moment d’arriver. Si j’en avois c tn l imr
patience générale , je serois parti a i instant
même. Déjà io n croyoit toucher an
camp ; et cependant-nous avions encore
bien du chemin à faire pour y parvenir ,
.quoiqu’il ne fallût plus que suivre et remonter
la rivière.
Il n’étoit point possible à ma caravane
$e côtoyer de près ses bords, à cause du