
en relief les armes de la Hollande ; c’est-à-
dire , un lion dressé sur ses pattes de derrière
, et tenant dans une de celles de devant
sept flèches , et dans l ’autre un sa-
hre nu.
Ce symbole ne pouvoit manquer de
plaire aux Sauvages , puisqu’il leur offroit
a la fois l ’image, et ¿es armes qui leur
sont propres, et de l ’animal le plus redoutable
de leur contrée. Je le leur fis remarquer
j ils témoignèrent leur admiration
par des transports, et crurent que par ma
toute-puissance , bien supérieur aux rois,
j ’avois fait cet ouvrage pendant la n u it ,
dans l ’unique dessein de leur complaire »
Après ce préliminaire , j ’ordonnai le silence
; et faisant approcher de moi le monarque
, je plaçai pompeusement le bonnet
sur sa tête. J’attachai ensuite à son jackal
plusieurs rangs de verroterie ; je lui fis une
ceinture.avec un cordon de très-gros grains
de rassade ; j ’ornai ses bras de bracelets de
laiton j enfin, j'*attachai à son cou un petit
cadenas de cuivré , qui représentoit un
papillon, et dont j ’avois perdu la clef. Ces
cadenas, faits en forme d’animaux de toutes.
espèces, sont très-communs au Cap. Ils
viennent de Chine, et sont apportés en
B Afrique par les capitaines de la Compagnie
qui voyagent dans les mers de l’Inde.
Pendant la cérémonie, de l ’installation,
toute la horde, muette et immobile d’admiration
, étoit comme en extase. Haripa
lui-même , quoique transporté d’aise, n’o-
soit faire un mouvement, et il gardôit une
gravité risible. Ehfin, quand son inauguration
fut achevée et qu’il fut paré en entier,
je lui présentai un miroir , afin qu’il
eût le plaisir de se contempler lui-même.
Puis je le montrai à son peuple, qui alors
fit éclater sa joie par des cris et des ap-
plaudissemens sans fin.
Hommes honnêtes qui me lisez, voilà
tout ce qu’il m’èn a coûté pour remettre
la paix dans une peuplade, et pour empêcher
les habitans de s’entr’égorger ! Dès ce
moment , la concorde fut rétablie. L ’allé-
^ gresse devint générale -} les danses commencèrent
et durèrent pendant trois jours
et trois nuits consécutives. On tua, pour
les festins , beaucoup de moutons gras, et
mepie deux boeufs ; magnificence extraor-
Tome I I I , B
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