
dis qu’au dehors tout annonçoit le sommeil
et la p a ix , au-dedans tout étoit livré à la
confusion et à l ’effroi. Mais par un stratagème
infernal, auquel, sans doute , mes
voleurs étoiënt exercés depuis long-tems,
aucun d’eux ne vouloit se montrer avant
que tous ne fussent en état de défense.
Probablement, en cas p a re il, ils avoient
un signal pour s’entr’avertir.
Quand ils furent armés, tout à coup, et
au même instant, ils sortirent tous de leurs
huttes, s’avancèrent contre nous, en pous?
sant des hurlemens a ffreux, et nous décochèrent
une nuée de flèches q u i , étant
hors de portée, ne nous atteignirent pas,
et auxquelles je ripostai par une décharge,
toujours tirée au dessus des huttes.
Les Sauvages, voyant qu’aucun d’eux
n’étoit blessé , imaginèrent que mes armes
ne pouvoient atteindre jusqu’à eux. Ils se
réunirent tous, et s’avancèrent contre nous
r \ : avec fureur. Je les attendis de pied ferme.
Ma troupe, pendant ce teins, leur crioit
de me rendre mes boeufs. J’ignore si dans
le bruit général ils pouvoient nous entendre.
Mais arrivés à la portée de la flèche,
ils nous en envoyèrent une nuée nouvelle
qui, pour cette fois, tomba autour de nous.
Amrs , je crus qu’il n’étoit plus- teins de
les ménager et de me contenter d’un vain
bruit. Je donnai l ’ordre de tirer au corps j
et nos coups se succédant alternativement,
bientôt nous vîmes toute cette bande d’hommes,
s’éparpillant comme des fourmis, s’enfuir
chacun de son cô té , avec des hurle-
mens qui n’étoient plus , comme les premiers,
l ’énergie de l ’audace et le signal du
combat, mais le cri du désespoir.
Cependant, ils ne tardèrent pas à se rallier.
Je les vis même g<D aOgner le haut de la
colline, rassembler mon troupeau qui s’y
trouvoit épars, et disparoître avec lui. Déjà
leurs femmes et leurs enfans s’y étoient rendus
pendant le combat, et il ne restoit pins
trace d’ennemis. }
Ce qui pouvoit m’arriver de plus fâcheux
dans ces circonstances, c ’étoit cette retraite
qui m’enlevoit une seconde fois mes bestiaux.
Que me servoient toutes les peines
et les fatigues qu’il m’en avoit coûté depuis
plusieurs jours , s’ils m’étoient sousr
traita de nouveau*,* sans ressource. Il n’y/